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Alexei Ogrintchouk, hautboïste prodige

Publié le 18.10.2015

 


Son accent russe est presque insoupçonnable. Sur un ton amusé, l’interprète évoque la partition comme une sorte de code avec de petits ronds noirs. Celle de Mozart et de son Concerto pour hautbois, il la fera chanter bientôt d’un son pur et sensible sous les ors du Victoria Hall: une musique lumineuse et pétillante «comme du champagne». Du hautbois, qu’il choisit à l’âge de neuf ans, il en parle comme du «roi des instruments». Bref, Alexei Ogrintchouk, 36 ans, a un tempérament généreux, enthousiaste et fonceur. Jeudi 23 octobre, il se réjouit de retrouver l’OSR avec qui il décrochait de prestigieux prix au Concours de Genève. C’était au tout début de sa brillante carrière, en 1998. Dix-sept ans plus tard, le soliste international étrenne la série de quatre «concerts Rush Hour» proposés cette saison par l’Orchestre de la Suisse Romande.

 

 

Le concept est nouveau. Celui des «concerts rush hour» proposés cette saison par l’OSR au Victoria Hall. Le 23 octobre, un prodige international du hautbois, Alexei Ogrintchouk, inaugurera la formule. Le principe? Faire suivre le concert sans entracte d’un dîner-rencontre avec les musiciens dans le foyer de l’institution genevoise. En guise d’entrée en matière, le musicologue de l’OSR, Richard Cole, présentera les œuvres au programme lors d’une conférence introductive ouverte à tous. Outre le Concerto pour hautbois de Mozart, la soirée nous emmènera dans les contrées musicales de Bohême avec Martinu et Smetana, sous la baguette du jeune chef tchèque Jakub Hrusa.

 

Succéder à son maître

C’était il y a dix-sept ans mais Alexei Ogrintchouk s’en souvient comme d’hier. Un «grand moment» dans la carrière du jeune étudiant au Conservatoire de Paris qu’il était alors. Nous étions en 1998, Alexei Ogrintchouk n’avait que dix-neuf ans et il jouait pour la première fois avec l’Orchestre de la Suisse Romande. Il venait de remporter le Concours de Genève et interprétait le Concerto pour hautbois de Strauss au côté des musiciens de l’Orchestre. Depuis, les distinctions se sont multipliées et le soliste international, 36 ans, a à son palmarès un joli florilège de formations l’ayant compté parmi ses invités. Au Festival de Verbier, il s’est déjà produit avec des orchestres de chambre à de nombreuses reprises. Pour le musicien russe, c’est plein d’«émotion» qu’il retrouvera l’OSR et Genève. Il y a cinq ans, il y a été nommé professeur à la Haute école de musique, succédant à son «maître» Maurice Bourgue.

 

La carte de visite du hautboïste

Alexei Ogrintchouk se réjouit aussi d’interpréter l’un des deux concertos pour hautbois qui sont la «carte de visite du hautboïste». Même s’il a joué l’œuvre de nombreuses fois déjà, «chaque concert est une nouvelle expérience». Ainsi, la passion ne tarit pas. «Mozart sonne de manière lumineuse et pétillante, comme le champagne (rires). Mais il faut pouvoir l’interpréter avec bon goût et style et faire passer aujourd’hui le message d’une œuvre composée il y a deux ou trois cents ans. Une sorte de code avec de petits ronds noirs (rires). C’est la musique qui doit parler.» Comprendre Mozart, oui, pour mieux faire partager le plaisir de la musique à son public.

 

 

Le roi des instruments

Né à Moscou de parents pianistes, Alexei Ogrintchouk démarre très tôt la musique. A six ans, il commence le piano. Trois ans plus tard, il fait le choix du hautbois, «l’un des instruments les plus capricieux et parmi les plus difficiles pour ce qui est de l’émission du son», détaille le soliste dans un français irréprochable. Car il faut en effet trouver la bonne pression d’air à donner pour faire vibrer les deux palettes de l’anche. Le hautbois n’en demeure pas moins le «roi des instruments» pour Alexei Ogrintchouk. Indéniablement le plus beau à ses yeux. S’il possède son répertoire solistique, le hautbois est aussi considéré comme un instrument d’orchestre précieux avec une «chaise très centrale», poursuit le hautbois solo du Concertgebouw (Orchestre royal) d’Amsterdam, classé, rappelle-t-il, parmi les meilleurs orchestres au monde. «Pour la sensibilité et la pureté du son, tous les compositeurs de tous les temps lui ont offert les lignes les plus sensibles et les plus belles». Mozart est indéniablement l’un d’eux. Une soirée qui promet de pétiller.

 

Propos recueillis par Cécile Dalla Torre

 

«Concert Rush Hour», jeudi 23 octobre à 20h00 au Victoria Hall à Genève - Présentation des œuvres par Richard Cole à 19h00.

Bohuslav Martinu, Les Paraboles (1957-1958)
Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour hautbois et orchestre en ut majeur (1777)
Bedrich Smetana, Ma Patrie (Ma Vlast), Extraits (1874-1879)

Après le concert, le foyer du Victoria Hall se transforme en restaurant pour un dîner rythmé par des temps de discussions et d’échanges avec les musiciens (menu à 50 CHF).

Renseignements et réservations au +41.22.807.00.00 ou sur le site de l’Orchestre de la Suisse Romande www.osr.ch

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