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Am Stram Gram, un théâtre intergénérationnel

Publié le 08.06.2016

 


Route de Frontenex à Genève, le théâtre Am Stram Gram s’adresse à tous les publics, réservant une place de choix aux enfants dès le plus jeune âge. L’écrivain français Fabrice Melquiot, directeur de l’établissement depuis 2012, invite à découvrir le 16 septembre à 19 heures, l’ouverture d’une «[…] saison pensée comme le livret d’un opéra baroque, où les arts vivants se mêlent, loin de tout cloisonnement et où la musique revient souvent comme la meilleure manière de chanter et enchanter le présent.» Au programme: quatorze spectacles et huit dispositifs du Laboratoire Spontané: un espace dont vous êtes le héros. Gros plan.

 

 

En passe de devenir une tradition, les dispositifs du Laboratoire Spontané imaginé par Fabrice Melquiot sont des formes légères et insolites où la création et la participation du public sont légion, à l’instar du travail de plateau qu’effectuent certains collectifs de comédiens-metteurs en scène aujourd’hui. En décembre, on retrouvera le metteur en scène neuchâtelois Robert Sandoz pour une nouvelle carte blanche autour de la question: Qui n’a pas froid aux yeux? dans Cette année l’avenir est en avance, une création qui s’inscrit dans le cadre de NOS FUTURS, temps fort partagé avec le TNG-CDN de Lyon, le TJP de Strasbourg et le Lieu Unique à Nantes. Autour de Noël, l’un des dispositifs les plus appréciés du Laboratoire Spontané, Le Loto Poétique, un vrai loto avec des vrais poèmes, sera réinventé par toute l’équipe d’Am Stram Gram pour que la surprise reste intacte.

 

Pour débuter l’année 2017, deux rendez-vous gastronomiques: La brioche des mioches, permettra le dimanche matin ou le mercredi après-midi à l’occasion d’un petit-déjeuner ou d’un goûter au théâtre, à un public de tous âges d’entrer dans le livre intitulé Carnet de Bal de l’illustratrice genevoise Mirjana Farkas, qui avec la comédienne et danseuse Madeleine Raykov offrira une belle interaction du dessin et de la danse. Festin sous les étoiles sera l’occasion de poursuivre la collaboration avec Romina Langenskiöld de "Fusion des sens, cuisine et design", entre atelier du goût et banquet artistique. En mars, en association avec l’Ensemble Vide, Plateforme pluridisciplinaire de recherche et de création, Fabrice Melquiot et Mariama Sylla vous emmèneront hors les murs, dans le bâtiment industriel Arcoop à Carouge pour Hante-moi si tu peux, une création où petits et grands chasseurs de fantômes en quête de frissons seront servis. En avril, le laboratoire intitulé 12 marionnettistes réunira douze jeunes marionnettistes en troisième et dernière année de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette (Charleville-Mézières en France) sous la direction de la metteuse en scène et marionnettiste Angélique Friant. A partir d’ateliers d’écriture menés avec eux, Fabrice Melquiot aura écrit un texte dramatique ayant pour thème originel Avant/Après (la célébration) qui trouvera sa forme (provisoirement) définitive en quelques jours, dans l’esprit du Laboratoire Spontané.

 

En mai, Une nuit au théâtre, c’est… une nuit au théâtre! Muni d’un sac de couchage, le public est invité à vivre une nuit mémorable entouré de l’équipe du théâtre et des invités-surprise. Entre jeux de société, poèmes et tisanes, trois fois dans la nuit, tout le monde se réveillera pour assister à des moments rares de danse, de théâtre ou de musique avant de se retrouver au matin pour un grand petit-déjeuner commun. Et durant toute l’année, le dispositif Le théâtre (c’est dans ta classe), jouera des pièces d’aujourd’hui au cœur des établissements scolaires, en coproduction avec Les Scènes du Jura - Scène nationale, et avec le soutien du Département de l’Instruction Publique.

 

La musique comme un hymne

Présente dans plusieurs dispositifs du Laboratoire spontané, la musique se lie au théâtre en septembre dans Suzette, la première création de la saison écrite et mise en scène par Fabrice Melquiot, qui se demandera ce qu’est le génie. Alliance détonante de musiciens électro-pop-rock (Ruppert Pupkin, Elvett, Brico Jardin, The Young Gods) avec des acteurs de haut vol, un vidéaste fou (Gabriel Bonnefoy), et un live-painter insatiable (Louis Lavedan), Suzette ouvre la scène à tous les publics.

Dans Le thé des poissons prévu en mars, un comédien-danseur donnera la réplique à des musiciens (soprano, mezzo-soprano, percussionnistes). Sur une musique de Samuel Sighicelli et Benjamin de la Fuente, on découvrira l’écriture poétique, drôle, fantaisiste de Piret Raud à travers les incroyables contes miniatures réunis dans le recueil éponyme, mis en mouvement par la chorégraphe italienne Ambra Senatore (Nos amours bêtes, Am Stram Gram, 2013). En avril, c’est un concert live de Ruppert Pupkin & Elvett qui attend les plus de quinze ans. Deux groupes et deux répertoires: Ruppert Pupkin (premier album Run), c’est le nom du groupe emmené par Emmanuelle Destremau (autrice et compositrice de Cosmos 110, interprète de Suzette) et Elvett (premier EP Who shot first?), c’est Lyn M. et Alain Frey, d’abord connus sous le nom d’Aloan.

 

Des questions existentielles de tous âges 

Quelqu’un peut-il indiquer à Aurore et Théo la porte d’entrée de l’adolescence? Le mois de novembre débute avec un spectacle pour les préadolescents: Dormir cent ans (prix du Jury et du public dans le cadre du Festival Momix 2016), dont Pauline Bureau et sa compagnie, La Part des Anges, signent le texte et la mise en scène de cette relecture contemporaine de La Belle au bois dormant. Puis, Avec Le petit coin, les moins de trois ans suivront les pas de Léa et Léon dans cet endroit où le roi va seul. Sur une idée de Perrette Gonet mise en scène par Martine Brodard, on rira de bon cœur de nos luttes intestines et petits accidents loin d’être tabous. Pour terminer un mois riche d’enseignements, c’est une expérience inouïe, subtile et déroutante, que proposent Haut et Court et Joris Mathieu, metteur en scène et directeur du Théâtre Nouvelle Génération de Lyon, à travers le conte philosophique contemporain Hikikomori (signifiant en japonais: repli sur soi). Qu’est-il arrivé à Nils pour qu’il préfère manger seul dans sa chambre? A l’aide d’un casque audio, trois niveaux de lecture seront fournis aux spectateurs : un dès huit ans, un second dès onze ans et un troisième dès quinze ans.

Pour ne pas oublier que nous sommes acteurs de notre monde, la compagnie Kajibi Express, emmenée par Barbara Schlittler et Katy Hernan, interrogera en décembre la ligne tordue du temps vécu, vivant ou à vivre, et des transmissions intergénérationnelles. Au terme de plusieurs résidences de création à Am Stram Gram, cet OVNI théâtral et dansé promet un voyage passionnant dans nos mémoires et nos utopies.

En mars, il s’agira de questionner l’auto-expression, dont tout le monde connait le phénomène contemporain des selfies, à travers Divamania, proposé par l’atelier de création du festival de Lucerne fondé en 2014, qui a récemment remporté le renommé prix Junge Ohren Preis. Pour cette nouvelle création, composée de trois parties de quinze minutes, six jeunes musiciens rencontrent deux danseurs, dans une chorégraphie de Massimo Gerardi.

Mai verra fleurir le quatrième spectacle du metteur en scène Joan Mompart à Am Stram Gram (La Reine des Neiges, Münchhausen? et Ventrosoleil): Mon Chien Dieu de Douna Loup où s’effacent les limites entre les vivants et les morts et où les pierres aussi ont des choses à nous dire, des secrets à partager.

 

Danse et cirque dans la ronde de la pluridisciplinarité

En janvier, Am Stram Gram accueille pour la première fois l’Akram Khan Company pour Chotto Desh, un solo dansé de haut vol, version enfance et jeunesse du légendaire solo d’Akram Khan intitulé Desh. Revisité avec la collaboration de Sue Buckmaster, ce retour au pays natal permet aux plus jeunes d’accéder à l’une des plus grandes signatures chorégraphiques actuelles. Le même mois, Un cirque à l’orchestre offrira de «dépoussiérer» la musique baroque en la présentant de manière plus dynamique, avec le concours du monde du cirque. Dans une mise en scène de Denis Paumier, les acrobates-jongleurs de la compagnie Les objets volants rencontreront les musiciens de la Geneva Camerata, sous la direction musicale de David Greilsammer.

Il y a cent ans, Dada est né d’un désir de révolution. En février, la deuxième création de la saison, Ça dada, répond à une invitation lancée à la metteuse en scène Alice Laloy (Molière Jeune Public 2009 pour 86 cm). Spectacle paysage, revue enchantée, promenade au pays des fous, Ça dada galope entre arts visuels, danse, théâtre et poésie. Ça dada, oui. Et vous, ça dada? En avril, le spectacle Dois, conçu et joué par les frères Luis et Vale Pedro Sartori do Vale, mélange tir à l’arc, théâtre visuel et cirque, créant de belles interprétations à la fois subtiles et humoristiques sur la relation entre frères.

La saison se terminera en juin par un spectacle hors les murs plutôt étonnant puisqu’il aura lieu en extérieur sous les arches du Pont Butin. Intitulé Very bat trip, ce spectacle mitonné par Eric Linder, Fabrice Melquiot et Pascal Moeschler réunira musiciens, danseurs, acrobates et compagnons d’Am Stram Gram, pour un hommage en règle à la plus fascinante des bêtes volantes: la chauve-souris. Am Stram Gram, Antigel, le Muséum d’histoire naturelle de Genève et le Centre chauves-souris CCO s’associent pour créer ce Very bat trip à l’occasion des 50 ans du Muséum à Malagnou. «Ce soir-là, on guettera les chauves-souris, en silence. On les écoutera parler. On les regardera danser. Soudain, Batman apparaîtra. Si, si. Il n’aura envie de venger personne. Il sera là de passage, il fera usage de cette simplicité dont manquent parfois les super-héros.»

 

Alexandra Budde

 

Découvrez toute la saison 2016-2017 du Théâtre Am Stram Gram à Genève sur leprogramme.ch ou sur le site du théâtre www.amstramgram.ch

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