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Hommage à la jeunesse d’hier et d’aujourd’hui

Publié le 15.04.2016

 


Fabrice Melquiot, directeur du Théâtre Am Stram Gram à Genève, donne la parole aux adolescents et les fait dialoguer avec une figure majeure du cinéma: Godard. Avec Jean-Luc, une œuvre fragmentée, en forme d’hommage revendicateur, Fabrice Melquiot emprunte les codes d’un cinéaste d’autrefois pour mieux révéler les attentes et les exigences de la jeunesse actuelle. On retrouve à la mise en scène la comédienne Mariama Sylla, chargée des ateliers intergénérationnels à Am Stram Gram. Elle nous livre ses impressions sur le théâtre, la jeunesse, la vie.

 

 

Comment passe-t-on de la comédie à la mise en scène?

Il y a plusieurs facteurs. J’enseigne depuis longtemps, notamment au théâtre Am Stram Gram, où je suis responsable des ateliers depuis de nombreuses années, avant même que Fabrice Melquiot soit à la direction du théâtre. J’ai toujours eu une exigence importante par rapport à ces ateliers: il ne s’agit pas d’animation théâtrale, mais bel et bien de transmettre une passion et des outils. Des outils de comédiens, mais aussi des outils de vie inhérents à cette transmission du théâtre. J’enseigne également au Conservatoire, dans les classes préprofessionnelles. Cependant, si la transmission fait partie de mon quotidien, je pourrais difficilement me limiter au rôle d’enseignante. Par ailleurs, j’ai débuté dans la mise en scène par des assistanats; la fabrication du spectacle m’intéresse plus que tout, au-delà de la place du comédien.

 

Comment s’est passée votre introduction au sein de l’équipe autour de Jean-Luc?

Quand Fabrice est arrivé à Am Stram Gram, nous avions en commun ce désir de transmission, l’aspect pédagogique de notre métier. Nous avons donc ouvert un atelier pour adultes, ainsi qu’un atelier pour adolescents en parallèle, pendant les vacances scolaires. A la fin de l’année, certains adultes ont souhaité poursuivre; nous les avons donc invités à rejoindre l’équipe des jeunes et c’est de là qu’est né l’atelier intergénérationnel… qui a donné lieu à la création du Festival CTRL-J* et de Jean-Luc! Contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer, l’énergie de groupe est bien présente, sans inhibition, dans le dialogue. A l’origine, c’est Fabrice qui devait se charger de la mise en scène. Il m’a alors proposé d’endosser ce rôle et c’est une expérience incroyable.

 

Est-ce que vous avez également eu l’occasion de participer à l’écriture de la pièce?

Pas dans ce cas, non. Fabrice Melquiot a donné deux jours d’ateliers d’écriture aux jeunes comédiens de Jean-Luc. Le texte est donc composé de ses propres écrits, d’extraits de films de Godard, ainsi que de textes rédigés par les adolescents. La mise en scène comporte beaucoup de vidéos; le son et la lumière jouent également un rôle crucial dans cette pièce.

 

Pourquoi Godard?

Jean-Luc Godard a beaucoup parlé de la jeunesse de son temps, à une époque où elle représentait un fragment de la société à part entière. Le texte de Fabrice fait écho à ce cinéma, tout en reflétant l’actualité. Il ne s’agit pas d’un scénario déjà existant, mais d’un pitch très simple: une bande de jeunes fait un spectacle sur Godard. On y trouve deux fils amoureux, entourés des mots de Godard mêlés aux mots des comédiens.

Il était important d’avoir cet objectif en tête, au moment de l’écriture, à savoir que l’on cherchait à aboutir à un texte fragmenté, en allusion au cinéma en forme de collage qui caractérise les films de Godard. L’espace scénique est fragmenté lui aussi, comme un reflet du genre.

 

 

Travailler avec des adolescents, est-ce un challenge, un plaisir, les deux à la fois?

J’adore! Je travaille avec ces jeunes comédiens comme je le ferais avec des professionnels. Dans cet atelier, Fabrice et moi avons une exigence à toute épreuve: nous cherchons à travailler sur le jeu, les comédiens doivent chercher au fond d’eux-mêmes. Et il se trouve que nous avons affaire à onze adolescents absolument incroyables, tant au niveau du jeu qu’au niveau humain. Ils se sont tous plongés dans les films de Godard avec intérêt et passion.

 

Parmi les comédiens que l’on retrouve dans Jean-Luc, certains avaient-ils déjà une expérience du théâtre?

Pour certains, l’atelier intergénérationnel est leur première aventure sur scène. L’un avait déjà joué à Annemasse, plusieurs avaient participé aux ateliers lorsqu’ils étaient enfants. Je les ai accompagnés plus jeunes, et c’est un plaisir de les retrouver aujourd’hui.

 

Ces adolescents sont scolarisés et participent aux ateliers un soir par semaine; où trouvent-ils le temps de monter cette pièce pour le festival CTRL-J?

Effectivement, c’est un challenge à part entière! La condition sine qua non était qu’ils consacrent l’ensemble de leurs vacances scolaires à la préparation de Jean-Luc. En tout, cinq semaines de répétition, réparties plusieurs mois, nous ont permis de monter cette pièce de manière idéale.

 

A qui s’adresse Jean-Luc?

C’est un spectacle sur l’adolescence, dit par des adolescents… Un spectacle qui s’adresse à la jeunesse enfouie à l’intérieur de chaque adulte. J’espère que les adultes qui verront ce spectacle auront une résonance entre eux, une petite pincée de nostalgie joyeuse.

 

Propos recueillis par Ophélie Thouanel

 

Jean-Luc, une pièce de Fabrice Melquiot mise en scène par Mariama Sylla. A voir au Théâtre Am Stram Gram à Genève du 15 au 24 avril 2016.

Renseignements et réservations au +41.22.735.79.24 ou sur le site www.amstramgram.ch

 

* Ce spectacle s’inscrit dans le cadre du Festival CTRL-J, festival pour et par les 15 - 25 ans qui se tiendra à Genève du 15 au 17 avril 2016. Plus d'infos sur www.ctrl-j.ch

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