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La Teuf du Nouvel An

Publié le 24.12.2016

 

Depuis 2006 l’association La Teuf organise un festival de musique avec la langue française à la barre sur le Bateau Genève. Si ce monument naval suisse a vu l’impératrice Sissi à son bord juste avant le décès de celle-ci, il offre aujourd’hui un cadre exceptionnel pour fêter les dernières soirées de l’an. Mais le Bateau Genève, c’est aussi une association qui vient en aide durant toute l’année aux personnes en difficulté. Rencontre avec Alexandre Bollinger, programmateur musical du festival depuis ses débuts.

 

 

Un mot sur la genèse du festival.

L’association La Teuf est née pour créer ce festival. En 2000, on avait monté un projet avec le Chat Noir, l'Association de Soutien à la Musique Vivante, pour animer les fins de soirées du festival Voix de fête par un collectif de DJ qui ne mixait que du francophone actuel. A force de rencontrer ces jeunes talents de la chanson francophone, on a eu envie de les soutenir en organisant plus de concerts à leur intention et notamment en cette période des fêtes de fin d’année, qui n’offre que peu de live, les artistes faisant eux aussi une pause dans leurs tournées à ce moment-là.

 

Aviez-vous tout de suite pensé organiser ce festival sur le Bateau Genève?

Au départ nous avions imaginé ces concerts sous un chapiteau, après être allés à un festival des arts du cirque et de la rue aux Cropettes, qui au-delà des numéros magnifiques présentés, distillait une ambiance de convivialité et de proximité qui nous a séduit. Cependant la mise en place d’un tel projet est vite apparu compliquée. Dans le même temps, je participais à l’élaboration d’un festival qui s’appelait Voix de Femmes sur le Bateau Genève et notre entente et nos motivations communes nous ont amenées à imaginer ce festival de fin d’année ensemble, tissant des liens entre culture et social. Car n’oublions pas que depuis la fermeture des squats, lieux alternatifs où les artistes locaux pouvaient faire leurs armes à moindre frais, peu de lieux offrent la possibilité d’organiser des concerts avec un prix d’entrée abordable à un large public, comme nous les organisons aujourd’hui dans les bistrots de la cité. Le Bateau Genève, et son rôle de ré-amarreur de personnes rencontrant des difficultés sociales depuis plus de 40 ans, était le lieu idéal pour notre projet. Il nous tenait aussi à cœur que plusieurs "passagers" du Bateau travaillent de façon rémunérée à la réussite de chaque soirée, avant, pendant et après la fête, soit l’équivalent en heures à un mois de travail à temps plein sur le festival. Grâce à eux nous proposons un menu du 31 décembre aux petits oignons pour débuter en douceur une soirée festive. Par ailleurs cette année, le public pourra payer ses consommations en lémans. Nous avons toujours, dans la mesure de nos possibilités, favorisé l’économie de proximité, notamment à travers nos fournisseurs, et cette initiative entre dans notre optique de valorisation locale.

 

 

 

Qu’entend-on par musique francophone, avez-vous des critères précis de sélection?

Nous avons clairement envie de défendre les auteurs-compositeurs-interprètes francophones, mais ce n’est pas gravé dans le marbre, on pourrait faire une exception. Les artistes viennent exclusivement de la francophonie, c’est-à-dire de France, de Belgique, de Suisse et du Canada. Les artistes canadiens sont cependant moins accessibles durant la période des fêtes de fin d’année, leurs tournées européennes étant prévues plutôt l’été, donc nous les programmons plutôt durant le festival Voix de fête et son off, Bars en fête, au mois de mars, dont nous nous occupons également.

 

11èmeédition du Festival La Teuf, la formule plait.

Son intimité, sa convivialité, offertes par ce bateau hors du temps, dans lequel s’inscrivent le voyage et le partage en plein cœur de Genève, y sont pour beaucoup. Sa longévité témoigne également d’un attrait du public pour la découverte. Il y a dix ans la chanson francophone aspirait plus à de la musique festive de type balkanique, aujourd’hui elle s’inspire de tous les genres musicaux et le festival s’en fait le reflet. Le rock y tient une bonne place actuellement, comme il l’avait fait à travers plusieurs groupes comme Virago ou Diabologum dans les années nonante. On aura du rock engagé avec Leo Walden (jeudi 29) le projet le plus récent, en formation guitare-basse-voix-clavier-batterie, du rock industriel avec Berty (mercredi 28) ou encore du rock fragile avec Jérémie Bossone (mercredi 28).

 

Vendredi en fin de soirée DJ La Teuf se mettra derrière les platines, une manière pour vous de poursuivre votre mission de pourvoyeur de musique francophone actuelle?

Bien sûr, c’est ma première passion et l’essence-même de la création de l’association La Teuf. Pour cette fin de soirée, je serai accompagné de DJ Suisa qui lui ne passera que des reprises. Le public devrait avoir de quoi danser jusqu’au bout de la nuit. Pour le 31, nous retrouverons les musiciens touche-à-tout DJ Rofar et Ed Woodshoes, pour un set plus "traditionnel" juste après minuit.

 

Propos recueillis par Alexandra Budde

 

Festival La Teuf, du 28 au 31 décember sur le Bateau Genève.

Programme complet du festival sur le site www.lateuf.net

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