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Pince-sans-rire et fier de l’être

Publié le 29.11.2019

 

C’est un one-man-show qui ne ressemble à aucun autre. Dans Sur rendez-vous, Chris Esquerre passe avec le plus grand sérieux d’une incongruité à l’autre, sans qu’on sache jamais à quoi s’attendre. Mis à part que cela va être drôle, bien entendu. Modèle du pince-sans-rire, l’humoriste français s’est fait connaître grâce à ses interventions décalées à la radio et la télévision, notamment sur France Inter, Canal + et M6. Il y décline son style inimitable et hors des modes dans plusieurs formats: chroniques, revues de presse, mini-série, et même un site de vente en ligne parodique!

Fort de son succès, le comédien est monté pour la première fois sur scène en 2010. Ce spectacle consistait en une exploration de publications françaises injustement méconnues, comme Sanglier Passion ou S’enrichir Magazine. Pour Sur rendez-vous, son deuxième one-man-show, Chris Esquerre souhaitait faire quelque chose de complètement différent, tout en restant fidèle à son univers. Il révèle les dessous de sa dernière création avant son passage à Vernier, les 6 et 7 décembre.

 


Comment est né ce spectacle?

Je voulais prendre le contre-pied de ce qu’on attend habituellement d’un one-man-show. Je n’y raconte pas ma vie, ce n’est pas non plus une succession de sketches. Sur rendez-vous met en scène un personnage grotesque mais plein d’assurance, qui dit des énormités avec beaucoup d’aplomb, sans s’en rendre compte. Je m’inspire de moments où j’ai fait rire malgré moi, en poussant le curseur du ridicule un peu plus loin que la réalité.

 

En quoi consiste votre humour?

Vu que je ne sais pas du tout faire des vannes, du stand-up, je mise sur l’incongruité des idées. Les spectateurs ne savent jamais ce qu’il va arriver la minute d’après, je les surprends sans arrêt.

 

 

Quels sujets abordez-vous?

Pour moi, le métier de comique consiste à partager ce qui m’a fait rire avec les gens qui ont le même humour que moi, et pas à chercher ce que tout le monde va trouver drôle. C’est très éclectique, il y a des thèmes apparemment classiques comme l’éducation des enfants ou la mort, mais aussi des sujets beaucoup plus inattendus, comme un sketch sur le grille-pain. A priori on a du mal à voir ce qu’il y a comme matière comique là-dedans…

 

Comment construisez-vous votre spectacle?

Pendant plusieurs mois, je prends des notes d’idées, de situations, de sketches qui me plaisent. Puis je les assemble dans une sorte de gâteau. Ce gâteau doit être cohérent, on n’y met pas à la fois de la moutarde et des fruits confits, mais il doit rester digeste, léger et drôle. Et les gens ne doivent pas voir les enchaînements, il faut que tout ait l’air très logique alors qu’en fait je passe du coq à l’âne de façon invraisemblable. Et c’est le ton, le style, qui donnent de l’homogénéité à l’ensemble.

 

Est-ce que vous testez votre spectacle avant de le jouer?

Jamais, j’ai horreur de cette façon de faire. Il ne viendrait à personne l’idée de modifier une peinture, un livre ou une pièce de théâtre en fonction des commentaires du public… Et je considère qu’un spectacle d’humour, aussi modeste soit-il, constitue également une forme d’œuvre d’art. Donc je ne fais que présenter ma vision des choses en espérant qu’elle va plaire et faire rire. Quand on ne teste pas, on fait quelque chose de plus personnel, de moins lisse, puisque ce n’est pas calculé pour plaire au plus grand nombre. Mais j’avais quand même très peur à la première, et j’ai été content de voir que ça marchait très bien !

 

Votre expérience à la radio et la télévision vous a-t-elle été utile?

Ecrire plus de 1000 sketches pour la radio et la télévision m’a permis d’apprendre mon métier, car il n’y a pas de formation d’humoriste. Cela fait mûrir l’écriture, et le travail comique en général. Mais pour moi, l’exigence reste la même que pour la scène: il faut avoir des idées surprenantes, qui vont faire rire les gens.

 

Comment se faire une place dans l’univers foisonnant du one-man-show?

Il suffit de creuser son sillon dans ce qui ne ressemble pas aux autres, en s’écoutant et en restant fidèle à soi-même. En bref, miser sur sa propre singularité. Et ça, ça ne se commande pas. Tout le monde n’a pas la chance ou la malchance d’être un peu bizarre…

 

Pourquoi ce titre, Sur rendez-vous?

Au début je pensais l’appeler Notice, comme un mode d’emploi, mais je me suis rendu compte que personne ne comprenait rien à ce titre. Alors j’ai abandonné, et assez tardivement j’ai opté pour Sur rendez-vous. D’abord parce que je trouvais ça drôle pour une pièce, parce que par définition il ne s’agit pas d’un rendez-vous, les gens prennent un billet. Et aussi parce que finalement, le spectacle c’est une sorte de grande consultation médicale collective!

 

Propos recueillis par Muriel Grand
 

Chris Esquerre, Sur rendez-vous, les 6 et 7 décembre, 20h30 à la Salle du Lignon, Vernier

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