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Plus de cent choristes romands réunis au Victoria Hall pour une création mondiale

Publié le 10.03.2019

 

Plus de cent choristes seront réunis pour donner vie à une œuvre inédite lors d’un concert exceptionnel au Victoria Hall de Genève le 13 mars 2019. Le Grand chœur et l'Orchestre de la Haute école de musique de Genève (HEM) accompagnés des chœurs de l’Institut Jaques-Dalcroze et du Conservatoire neuchâtelois interpréteront en première mondiale La Moisson de feu du compositeur neuchâtelois Samuel Ducommun (1914-1987), une œuvre en cinq mouvements mettant en musique les poèmes de Marc Eigeldinger, inspirés par l’Apocalypse de St Jean, et, en miroir, le Stabat Mater de Francis Poulenc (1899-1963).

Une soirée unique sous la direction de Nicolas Farine, pianiste, chef d’orchestre et nouveau directeur ad interim du site classique de l’HEMU depuis septembre dernier et qui assume la direction des grands chœurs depuis 2012 à la HEM Genève - Neuchâtel.

 

Historiquement, la tradition chorale a toujours revêtu une importance particulière au sein de la Haute école de musique de Genève.

Dans la plupart des écoles on considère que pratiquer le chant est très formateur car il permet de renforcer sa capacité à entendre la musique à l’intérieur de soi. Quand un musicien n’a plus son instrument, il se retrouve confronté à n’avoir plus que son oreille comme guide pour arriver à être expressif dans la musique, un défi pour les étudiants.

La particularité à Genève est que le chœur est donné pour tous les étudiants qui ne jouent pas d’un instrument d’orchestre comme les pianistes, les organistes ou encore les compositeurs. Les violonistes comme les flûtistes, dont les instruments jouent à l’orchestre, ne sont pas astreints au grand chœur.

 

C’est la première fois qu’un projet artistique initié par le Grand chœur de la HEM regroupe plus de cent choristes et les cinquante musiciens de l'Orchestre de la HEM.

Si c’est le cas cette année, certaines fois le programme peut être a capella, ou avec piano, ou avec quelques instrumentistes, comme quelques cuivres. Toutes sortes de variations sont possibles, mais c’est la première fois que le programme est aussi imposant en termes de nombre de personnes présentes sur scène, ajoutant au Chœur de la HEM Genève - Neuchâtel les Chœurs d’enfants de l’Institut Jaques-Dalcroze.

Je tiens à souligner qu’une telle réalisation n’est possible qu’avec l’étroite collaboration qui existe entre les écoles de musique avec les hautes écoles, démontrant bien, à l’heure où l’on parle de centraliser l’enseignement, l’importance de leurs synergies.

 

Un projet d’une telle envergure demande-t-il plus de préparation?

En termes de gestion et d’organisation, c’est certain (sourires). Pour le chœur, je ne voulais pas procéder sur une semaine parce que je voulais qu’ils prennent l’habitude d’exercer leur voix, qui n’est pas leur instrument habituel. On ne peut pas comprendre un nouvel instrument en une semaine, d’autant que la voix se fatigue si on l’entraîne cinq heures par jour. Nous avons donc ordonnancé un peu plus de répétitions partielles pour travailler par petits groupes dès octobre dernier. L’orchestre a procédé comme le font les orchestres professionnels, soit par quatre rendez-vous de trois heures chacun, durant la semaine précédant le concert. Musicalement, ce n’est pas la même chose non plus, on est moins dans les détails, plus dans des recherches d’équilibre entre ces grandes masses.

 

Trois étudiants du département vocal se confronteront aux parties solistiques. Comment les avez-vous sélectionnés?

Nous avons organisé une audition interne à la HEM Genève - Neuchâtel, à la suite de laquelle nous avons retenu les sopranos Sarah Pagin et Judith Ankoué. Pour le baryton, comme le préposé que nous avions choisi ne pouvait se rendre disponible pour ce concert, nous nous sommes tournés vers la HEMU où Mohammed Haidar termine son cursus après avoir obtenu un Master d’enseignement vocal à Genève.

 

Au programme, l’œuvre inédite du compositeur neuchâtelois Samuel Ducommun La Moisson de feu.

Je connais bien la fille de Samuel Ducommun, Jacqueline, avec qui j’avais déjà créé une des symphonies de son père avec l’Orchestre Victor Hugo de Besançon en France, où elle m’avait confié que son rêve serait de monter un jour La Moisson de feu, dont elle avait complété les partitions, soit deux cents pages A3, où les nuances et les articulations manquaient. Une proposition de partenariat que j’ai soumise à la HEM, ravie de participer à cette aventure qu’est la découverte d’une pièce.

Beaucoup d’œuvre restent dans les tiroirs, car lorsqu’un compositeur a terminé d’écrire une œuvre, il faut des musiciens pour la faire vivre, ce qui requiert des effectifs, des moyens et des opportunités. Beaucoup d’œuvres se retrouvent comme cela, en dormance, et je trouve que le rôle des musiciens et d’une école est aussi celui d’aider à (re)découvrir des musiques. Juste après la mort de Bach, on n’a plus joué sa musique pendant des années, jusqu’à ce que Mendelssohn ait eu envie de le redécouvrir et de le faire réentendre, jusqu’à devenir un compositeur marquant.

En miroir, j’ai choisi le magnifique Stabat Mater de Francis Poulenc, écrit quelques années plus tôt, une œuvre difficile à exécuter mais terriblement belle, que je souhaitais également faire découvrir aux choristes.

 

Propos recueillis par Alexandra Budde

 

Samuel Ducommun et Francis Poulenc | Orchestre et grand chœur de la HEM, le 13 mars 2019 au Victoria Hall de Genève et le 16 mars 2019 au Temple du Bas à Neuchâtel.

Renseignements et réservations sur le site de la Haute école de musique de Genève hemge.ch

Nicolas Farine, direction
Orchestre et Grand chœur de la HEM
Préparation du Grand chœur par Jean Gautier-Pignonblanc
Avec la participation des chœurs de l’Institut Jaques-Dalcroze

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