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Reggae music à Plan-les-Ouates

Publié le 26.07.2017

 

Foundation, new-roots ou africain, dub, dancehall ou ska, le reggae prend ses quartiers sur la butte de Plan-les-Ouates, route des Chevaliers-de-Malte du 17 au 19 août. Avec quatre groupes par soir et l’établissement cette année d’une troisième scène consacrée aux sound systems typiques de ce genre musical né dans les années 60, la 11ème édition du Plein-les-Watts Festival promet de belles rencontres entre tradition et modernité, découvertes et têtes d’affiche internationales. Gratuit et familial, le festival propose aussi des stands d’artisanat et de restauration ainsi qu’une animation par des artistes-peintres venus créer des fresques géantes en direct. Rencontre avec le fondateur de l’association, Nicolas Clémence.

 

 

En onze ans, le festival a acquis une renommée internationale. Quels ont été les moments clé de cette reconnaissance?

Tout a débuté avec la création de l’Association Plein-les-Watts en 2007. Comme plusieurs groupes locaux de musique, nous peinions à trouver des locaux de répétition. Nous avons décidé d’unir nos forces et de partager nos expériences afin de multiplier nos chances de pouvoir, à terme, nous produire sur scène régulièrement. Il s’est trouvé que la commune de Plan-les-Ouates avait un projet d’animation d’été pour les jeunes à ce moment-là, englobant la volonté de développement culturel des diverses communes suburbaines de Genève qui ont vu leur population quasiment doubler en 15 ans; soit pour Plan-les-Ouates, une population de 6’000 habitants à près de 11’000 aujourd’hui. De cette rencontre est né un échange de compétences fructueux entre notre association et la commune, ce qui a permis en quelques mois de mettre en place un premier festival gratuit dans le préau de l’école du Pré-du-Camp, réunissant trois groupes locaux sur une soirée. Au vu du succès remporté, le festival a été reconduit chaque année depuis, passant d’une soirée à deux dès la seconde édition, puis d’une scène à deux en 2009, pour aboutir à la formule actuelle de trois soirées et trois scènes, drainant quelques 13’000 spectateurs lors de la dernière édition. Notre association compte aujourd’hui 22 groupes régionaux et nous animons de nombreuses soirées à travers le canton de Genève durant l’année et plus spécialement à Plan-les-Ouates.

 

Initialement ouverte à tous les styles musicaux, comment la programmation du festival s’est-elle tournée uniquement vers le reggae?

Après six ans où seul le samedi soir était consacré au reggae, nous avons décidé de ne programmer que ce style musical, cette soirée étant clairement la plus fréquentée des deux jours. Pari gagné, le taux de fréquentation du vendredi a presque triplé, cimentant l’idée que le reggae avait un public à Genève. C’est un style musical qu’il nous tient à cœur de promouvoir tant pour son côté humaniste, qui dénonce les problématiques de société, que par son aspect festif souvent représenté par les cuivres, déployant un message universel.

 

 

En figure de proue du festival des pointures jamaïcaines et américaines. Comment les choisissez-vous?

Beaucoup de demande d’artistes internationaux nous parviennent aujourd’hui directement par le biais des tourneurs des groupes tant le festival a fait sa renommée en à peine une décennie. Ensuite c’est une commission de programmation qui décide quels groupes participent au festival, contraint bien sûr par les agendas des tournées de chacun et de nos moyens. Nous sommes le seul festival open air gratuit de cette envergure dédié au reggae dans toute la Suisse Romande. Nous avons un pendant alémanique avec le Reeds Festival de Zurich, mais lui n’est pas gratuit.

 

Cette année la grande scène verra se succéder des figures du reggae d’hier et d’aujourd’hui.

Notamment les légendaires Twinkle Brothers, qui font partie de ces quelques groupes jamaïcains à avoir donné naissance au reggae au début des années 60, avec The Abyssinians et les Wailers entre autres, dans un style représentatif de cette époque appelé reggae foundation.

Nous aurons la chance de recevoir Michael Rose, figure jamaïcaine emblématique des années 80 alors leader du groupe Black Uhuru qui reçut un Grammy Award. Ce chanteur charismatique a choisi d’embrasser une carrière solo après sa séparation avec le groupe et propose un reggae dans un style dancehall des années 80-90, qui a vu l’apparition des synthétiseurs et des effets qu’ils permettent. Nous accueillerons Anthony B, l’un des artistes jamaïcains les plus populaires en France et en Jamaïque, s’imposant tel Sizzla et Capleton comme un des leaders de la scène new-roots depuis les années 90. Dans la même veine, citons encore le Parisien originaire des Antilles, Lyricson, qui avait travaillé avec Manu Chao au début des années 2000, et Skarra Mucci, chanteur phare de la scène jamaïcaine actuelle qui mélange reggae dancehall, soul, gospel et hip hop.

Reemah, l’artiste féminine principale de cette édition, vient des Iles Vierges américaines. Artiste montante de la scène reggae internationale à la voix sublime, elle sera accompagnée sur scène d’un backing band, un groupe de musiciens qui accompagne le chanteur, quelque chose qui se fait beaucoup dans le milieu du reggae. En l’occurrence ce sera le Riddim Risers band, le backing band du festival qui a vu le jour il y a deux ans. Une rencontre inédite que nous nous réjouissons de partager avec le public.

 

 

Une scène est à présent dédiée aux sound systems. Pouvez-vous en rappeler le principe?

C’est une formule qui se réfère à la tradition jamaïcaine de musique de rue née dans les années 60 suite à l'exclusion de la population noire des salles de spectacles et des clubs. Avec un système de sonorisation portable, souvent composé des grandes enceintes bricolées, un disc-jockey passait des vinyles ou des enregistrements, sans paroles, offrant le micro aux personnes qui avaient envie de délivrer un message. Beaucoup des chanteurs invités ont commencé comme ça. Little Lion Sound, responsable des sound systems cette année, a invité trois artistes: Mardjenal, Nello B et Brother Culture à venir s’exprimer le samedi soir à ses côtés.

 

La fumette, on en parle?

Pour nous c’est une problématique importante. Nous agissons en particulier sur la prévention et la réduction des risques, tant au sujet du cannabis que de l’alcool d’ailleurs, en nous associant avec des professionnels tels que la Fédération genevoise pour la prévention de l’alcoolisme (FEGPA), la FASE et les autorités communales. Également, nous avons mis en place un concept de frangins-frangines, des travailleurs sociaux bénévoles qui vont à la rencontre de la jeune population durant tout le festival. La gendarmerie et la police municipale veillent quant à eux à contrôler que ces substances illicites ne circulent pas dans le festival ni aux alentours, et la difficulté principale qu’ils auront à gérer cette année sera de les différencier des substances légales qui inondent les commerces à présent. Une réflexion est en cours à ce sujet avec la mairie et le milieu de la prévention, et un diagnostic important sera réalisé sur ce sujet lors de cette édition.

 

Propos recueillis par Alexandra Budde

 

Plein-les-Watts Festival, Butte de Plan-les-Ouates du 17 au 19 août 2017. Détail de la programmation sur leprogramme.ch ou sur le site du festival www.pleinleswatts.ch

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