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Schumann au cœur du répertoire de Fabrizio Chiovetta

Publié le 24.01.2023

Genevois de naissance, Fabrizio Chiovetta est un pianiste qui cultive les différentes facettes du métier, très actif sur scène, en studio et dans les salles de cours de la HEM Genève-Neuchâtel où il enseigne. Le 29 janvier prochain, il sera à l’affiche des Rencontres Classiques de Vernier dans un récital consacré à Schumann, compositeur qu’il affectionne particulièrement. Pour l’occasion, nous nous sommes entretenus avec le pianiste.

Vous jouez chaque année aux Rencontres Classiques de Vernier. D’où vient cette relation pérenne?

On m’a demandé de co-programmer dès 2014 les Rencontres classiques, dans le but de proposer aux habitants de la commune des concerts classiques dont la qualité n’a rien à envier aux saisons les plus prestigieuses, et ce à des tarifs très abordables. J’ai la chance d’entretenir des relations professionnelles et amicales avec de merveilleux artistes comme Felicity Lott, Henri Demarquette, Lambert Wilson, Sophie Karthäuser, Stephen Kovacevich ou encore le quatuor Belcea.

Ces artistes ont accepté avec enthousiasme de se produire dans la Salle du Lignon, dans un contexte intimiste, alors qu’ils donnaient par exemple le même programme la même semaine à la Philharmonie de Paris.

Les Rencontres classiques
avaient d’abord la forme d’un mini-festival (cinq concerts regroupés au printemps). Ces concerts classiques ont ensuite été répartis sur l’ensemble de la saison culturelle, qui est pluridisciplinaire. La programmation globale est absolument remarquable, et je vais régulièrement et avec un immense bonheur assister à des spectacles de danse, de cirque, humoristiques ou de musiques actuelles. On y fait de magnifiques découvertes. J’en profite pour remercier le service de la culture de la Ville de Vernier, et en particulier la cheffe de service Myriam Jakir-Duran, pour ce beau partenariat.



Schumann est très présent dans chacun de vos récitals. Qu’est-ce qui vous attire tant chez ce compositeur?

L’univers de Schumann, fait de mystère, de fantaisie, de folie, ne cesse de me fasciner. J’ai eu un véritable coup de foudre pour ce compositeur à l’adolescence, et j’ai assez vite su que j’allais commencer ma production discographique avec lui. Je lui ai donc consacré mon tout premier disque (enregistré en 2006). J’ai ensuite enregistré un deuxième CD Schumann en 2016 avec le merveilleux clarinettiste Patrick Messina.

Après avoir fréquenté la musique de chambre de Schumann sous toutes ses formes (Lied, duo, trio, quintette) j’ai eu envie de graver à nouveau des pièces solo, en particulier la Fantaisie Op. 17 qui est pour moi un sommet de la littérature pour piano. Schumann occupe une place importante dans mes programmes de cette saison car plusieurs concerts sont liés à la sortie du disque.

Le programme fait se succéder des œuvres quasi successives – op.15, 17 et 18 – pourquoi avoir laissé l’opus 16 de côté?

Les années 1836-1839 ont été particulièrement fécondes dans la production de Schumann et ses plus grands chefs-d’œuvre ont été composés durant cette période. Je n’ai pas particulièrement pensé à la succession des opus. Je voulais par contre faire se confronter la grande forme (Fantaisie), le cycle et l’art de la miniature (Scènes d’enfants), alors que l’Arabesque est un exemple de pièce isolée. Ayant déjà enregistré les Kreisleriana Op. 16 en 2006 pour le label canadien Palexa, il ne m’a pas paru nécessaire d’y revenir.





Votre discographie est déjà bien fournie. Comment se passe la collaboration avec le label Aparté?

J’entretiens avec le label Aparté et en particulier son directeur artistique Nicolas Bartholomée, une très belle relation humaine et musicale. Nous discutons des programmes ensemble, mais j’ai la chance d’être toujours accueilli avec enthousiasme lorsque je leur propose quelque chose, même si cela sort des sentiers battus, ou si ce n’est pas le programme le plus vendeur. C’est rare et très précieux.

Que représente l’enregistrement pour vous? Une nécessité ? Un défi?

J’enregistre beaucoup car j’adore l’exercice. J’aime ces journées en studio où l’on est seul face à l’œuvre, retiré du monde. Je choisis minutieusement le programme, la salle, l’instrument, l’accordeur, et tout est réuni pour que cela se passe bien. La confrontation avec la direction artistique et le preneur de son est également très passionnante.

L’enregistrement est aussi un jalon dans le parcours de musicien, et il est toujours intéressant de se réécouter après des années, de voir quels ont été nos choix interprétatifs le jour de l’enregistrement, de constater que malgré notre évolution nous restons nous-mêmes, un peu comme lorsque nous regardons une photo.

Vos enregistrements montrent un éclectisme que l’on peut voir également dans vos programmes de concert. Quelles seraient vos prochaines envies?

Je consacrerais très volontiers d’autres enregistrements à tous les compositeurs que j’ai déjà abordés au disque (Bach, Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Schumann) tant leur production est riche d’un nombre incalculable de chefs-d’œuvre. J’aimerais aussi graver des œuvres de Brahms, et Janacek m’attire également énormément. Puis il y a Chopin, Liszt, les Français, Russes, Espagnols, les compositeur.trices contemporain.es. Le répertoire pour piano est infini.





Préparez-vous un enregistrement de la même manière qu’un concert?

Je prépare les disques et les récitals plus ou moins de la même façon, mais il y a sans doute quelque chose de plus expérimental au concert. Une option prise un soir sur tel instrument, dans telle salle avec tel public, n’aura peut-être pas de sens dans un disque que l’on peut réécouter à l’envi. J’affectionne particulièrement le récital, mais je ne pourrais pas me passer du répertoire chambriste et du partage avec d’autres artistes.

Vos concerts de musique de chambre montrent des partenaires récurrents. La relation amicale est plus intéressante que les one shots?

Il y a des musiciennes et musiciens avec qui je joue régulièrement (le clarinettiste Patrick Messina, le violoncelliste Henri Demarquette, le baryton Benjamin Appl), d’autres plus ponctuellement, mais je suis toujours passionné par les rencontres et la découverte de nouveaux répertoires. Un «one shot» se transforme bien souvent en amitié et collaborations futures.

Propos recueillis par Sébastien Cayet


Fabrizio Chiovetta - Schumann
Récital, le 29 janvier 2023, 17h00

Programme:
Kinderszenen op. 15
Fantaisie op. 17
Arabesque op. 18

À 16h30, présentation des oeuvres, par l'agence de médiation musicale HorsPortée

Informations, réservations:
https://www.vernier.ch/fr/actualites/evenements/welcome.php?action=showevent&event_id=5128084