La Comédie renouvelle sa collaboration avec La Manufacture - Haute école des arts de la scène en accueillant le spectacle de sa promotion sortante, mis en scène par Daria Deflorian.
Né « Eddy Bellegueule » dans une famille ouvrière de Picardie gangrénée par la pauvreté, l’alcoolisme, l’homophobie et le racisme, Édouard Louis dénonce les ravages d’une misère sociale et intellectuelle qui étrique un horizon devenu peau de chagrin. Restituant le langage des déshérités, des alcooliques, des machos, des haineux, celui de son père, de son frère, de sa mère, ce langage de fiel qui crache sur les «pédés» et les étrangers, il fait de la violence un espace littéraire pour s’en défaire. Écrit à 21 ans, cette autofiction se dévore sans reprendre son souffle, tant l’air y manque. S’y racontent sans détour les meurtrissures de l’adolescent, son homosexualité masquée et pourquoi prendre ses jambes à son cou a été, pour lui, une issue émancipatrice. La création d’une version théâtrale avec de jeunes comédiennes et comédiens donne à cette parole contemporaine une dimension inédite.
Édouard Louis
À trente ans, Édouard Louis a déjà publié quatre romans, traduits dans une trentaine de langues. Tous mêlent le récit d’épreuves autobiographiques à une réflexion raffinée sur les origines de la violence ; violence homophobe, familiale, celle que les élites politiques exercent sur les classes sociales défavorisées, violence de la domination masculine. Intellectuel engagé, il intervient régulièrement dans la sphère politique aux côtés du philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie, avec qui il a notamment signé le manifeste « Intellectuels de gauche, réengagez-vous ! ».
Ses liens avec le théâtre sont étroits. Il collabore avec Stanislas Nordey, Thomas Ostermeier et enseigne à La Manufacture – Haute école des arts de la scène de Lausanne depuis 2019.
Quelques évènements-clés :
- Eddy Bellegueule change officiellement de nom et devient Édouard Louis (2013). « Édouard » est son surnom depuis le lycée, « Louis » le prénom du héros d’une pièce de Jean-Luc Lagarce intitulée Juste la fin du monde.
- Suite à la parution de Pour en finir avec Eddy Bellegueule, il reçoit le Prix Pierre Guénon contre l’homophobie et pour l’égalité des droits (2014).
- Histoire de la violence (2016). À travers le récit de l’agression sexuelle dont il a été victime et des suites judiciaires de l’affaire, l’auteur revient sur son enfance, sur la vie de son agresseur, sur celle de son père. En réfléchissant l’émigration, le racisme, la misère, il essaye de comprendre ce qui s’est passé cette nuit-là pour esquisser une histoire de la violence. Édouard Louis et le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier co-signent Au cœur de la violence, adaptation théâtrale d’Histoire de la violence. (2019)
- Combats et métamorphoses d’une femme (2021). L’auteur s’adresse tour à tour à sa mère et au lecteur pour relater la vie d’une femme, par bribes. Souvenirs et conversations s’entremêlent jusqu’à constituer un puissant manifeste féministe. Ce dernier roman raconte une autre histoire d’une autre violence.
Daria Deflorian
Daria Deflorian est actrice, autrice et metteure en scène.
En tant qu’actrice, Daria Deflorian a travaillé entre autres avec Stephane Braunschweig (France), Lotte Van Den Berg (Hollande), Massimiliano Civica, Valentino Villa, Lucia Calamaro, Marco Baliani, Fabrizio Arcuri, Mario Martone, Martha Clarke (New York Theatre Workshop), Remondi et Caporossi, Fabrizio Crisafulli et Marcello Sambati. Elle remporte le Prix Ubu 2012 de la meilleure comédienne et en 2013 elle reçoit le Prix Hystrio.
Elle est assistante à la mise en scène de Mario Martone, Pippo Delbono et pour Anna Karenina de Eimuntas Nekrosius. Ses dernières créations personnelles sont : Manovre di volo de Daniele Del Giudice (2001), Torpignattara pour le projet Petrolio (2004), Corpo a corpo en collaboration avec Alessandra Cristiani (2007), Bianco à partir des poésies d’Azzurra D’Agostino (2008).
Depuis 2008, Daria Deflorian travaille sur ses projets avec Antonio Tagliarini. Avec leurs spectacles qui tournent en Italie et à travers l’Europe, ils remportent de nombreux prix : Prix Ubu du meilleur texte en 2014, Meilleur spectacle étranger au Canada en 2015, Prix Riccione pour la dramaturgie en 2019 et Prix Hystrio pour la dramaturgie en 2021.
En 2020, ils mettent en scène le texte d’Édouard Louis, Chi ha ucciso mio padre - Qui a tué mon père - (édité en Italie chez Bompiani 2019) avec Francesco Alberici dans le rôle-titre qui remporte pour sa prestation le Prix Ubu du meilleur acteur de moins de 35 ans en 2021. Les textes de leurs spectacles sont édités chez Titivillus, Cue Press et Sossella editore.
Daria Deflorian joue au cinéma et à la télévision sous la direction de Niccolò Ammaniti, Alice Rorwacher, Saverio Costanzo, Daniele Lucchetti, Mattia Torre, Nanni Moretti. En 2020 elle collabore avec l’artiste visuel Adrian Paci en écrivant le texte et en prêtant sa voix à Vedo rosso, une œuvre vidéo au sein du projet international Mascarilla 19. En 2021, elle participe avec le podcast Storying otherwise de Donna Haraway au projet Lingua Madre/Lac Lugano.
www.defloriantagliarini.eu