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50 ans de Concerts à Saint-Germain

Publié le 06.07.2024

Chaque été depuis plus de 50 ans, Genève accueille, en bordure de sa vieille ville, Les Concerts d’été à Saint-Germain. Tous les dimanche et lundi du 7 juillet au 2 septembre, les musiciens se succèdent dans l’église de Saint-Germain pour proposer un été culturel.

De la musique médiévale à la musique contemporaine, de la musique vocale a cappella à la musique instrumentale, tous les goûts seront satisfaits. Rencontre avec Chiara Banchini, violoniste spécialisée dans la musique ancienne et membre de l’organisation.



Les Concerts d’été à Saint-Germain existent depuis plus de 50 ans. Depuis quand êtes-vous dans l’organisation et comment y êtes-vous entrée ?

Chiara Banchini:Je suis dans le comité des Concerts d’été depuis maintenant quatre ans, c’est encore relativement récent. Je connaissais bien Girolamo Bottiglieri, violon solo de l’Orchestre de Chambre de Genève, qui fait également partie du comité et qui m’a incitée à l’intégrer.

Je m’occupe principalement de la commission artistique avec Girolamo et Bernardino Fantini, c’est-à-dire que nous élaborons la programmation tous les trois.

Nous sommes une bonne équipe ! Nous recevons, chaque année, toutes sortes de propositions ; c’est aussi une manière pour moi de me tenir au courant de ce qu’il se passe dans le monde musical.



La programmation se fait-elle entièrement sur la base de dossiers reçus ou avez-vous des propositions personnelles ?

Étant nous-mêmes musiciens, nous avons évidemment des propositions de notre côté, mais nous étudions également celles que nous recevons, et nous en recevons énormément, c’est assez impressionnant !

Par exemple, pour l’édition 2025, nous avons déjà une cinquantaine de dossiers qui nous attendent, alors que nous ne nous pencherons sur la programmation qu’en septembre. Évidemment, dans ces propositions, il y en a beaucoup qui ne marchent pas, déjà parce que j’ai pris la décision de déprogrammer le piano qui est inécoutable dans cette église en raison de la résonance.

Par contre, le pianoforte ou le clavecin fonctionnent tout de même très bien dans cette acoustique !

Le pianoforte est-il moins résonnant ?

Une église a toujours une acoustique particulière, et il se trouve que - dans celle-ci en tout cas - les sons du piano moderne se mélangent, ce qui rend la musique inaudible.

Nous avons déjà expérimenté le pianoforte avec des sonates de Beethoven. On l’entend très bien, voire même mieux qu’un piano à queue moderne. Cela fonctionne très bien !





Qu’est-ce qui vous importe musicalement, lorsque vous élaborez la programmation ?


Je trouve important d’essayer de proposer un large éventail allant du Moyen Âge au contemporain, sans faire de compromis sur la qualité musicale et l’adaptation de l’interprétation. Par exemple, pour les répertoires anciens, les Concerts d’été à Saint-Germain avaient commencé à introduire des concerts avec instruments anciens, philologiquement conçus, et pas uniquement pour le répertoire baroque.

Cette année, nous recevrons la violoniste Plamena Nikitassova que je trouve extraordinaire, avec l’ensemble Les Élémens (les 1er et 2 septembre, ndr.). Elle vient avec des sextuors de Brahms et de Ferdinand David, mais joués sur des instruments historiques, ce que je n’ai encore jamais entendu pour ce répertoire, c’est inédit.

Vous êtes vous-même spécialisée dans la musicienne ancienne. Est-ce que cela influence vos choix ?

Sans doute d’une certaine manière, mais si j’étais seule convaincue, nous ne le ferions pas ; le but n’est pas d’imposer des choix.

Dans notre groupe avec Girolamo et Bernardino, nous sommes d’accord : l’idée est de jouer la musique avec des instruments appropriés à l’époque. Je n’ai plus envie d’écouter Vivaldi, par exemple, avec un piano et des instruments modernes. L’influence vient évidemment beaucoup de moi sur ce sujet, mais Girolamo et Bernardino sont d’accord avec moi sur ce point.

En fin de compte, cela devient assez fréquent : les jeunes passent du baroque au classique et même au romantique en changeant les instruments. C’est quelque chose d’un peu nouveau. Bâle et Genève ont des centres de musique ancienne, donc nous formons assez de musiciens pour que cette pratique devienne « normale ».





La programmation semble également mettre en lumière la nouvelle génération.

Côté jeunesse, il y a chaque année l’académie du Theresia Orchestra (les 28 et 29 juillet, ndr). C’est un immense projet européen. Ce sont des musiciens qui se spécialisent dans la musique de la période classique, mais historiquement informée.

J’ai dirigé quelques projets avec eux en Italie et nous avons décidé d’essayer l’intégrale des symphonies de Beethoven avec des versions de chambre de l’époque. Il en existe pour toutes les symphonies. Nous avons déjà joué la Cinquième et la Septième et cette année, ce sera la Deuxième dans une version pour flûte, deux cors et quintette à cordes. C’est un très beau projet !

C’est important aussi pour le public car les transcriptions sont très bien faites et permettent de bien comprendre ce qu’il se passe dans ces symphonies.

Les Concerts d’été à Saint-Germain permettent aussi à des musiciens ou des ensembles lauréats de concours de se produire dans leur début de carrière. Nous accueillons tous les ans - sauf lorsqu’il s’agit du piano - le Premier Prix du Concours de Genève.

Cette année, c’est le NOVO Quartet (les 14 et 15 juillet, ndr.) qui a fait sensation lors de l’édition 2023 du concours.

J’ai également introduit un concert consacré à un lauréat du concours Osez ! de Ponticello. Je suis dans le jury, donc cela me permet de découvrir de jeunes talents émergents. Nous aurons donc le plaisir de recevoir l’ensemble vocal féminin Diaphane (les 6 et 7 juillet, ndr.), lauréates de l’édition 2023.

Quelle est la particularité des Concerts d’été à Saint-Germain ?


Je dirais que notre particularité par rapport aux autres festivals, c’est que chaque concert est donné deux fois.

Nous aimons beaucoup ce format qui convient à tout le monde et notamment aux musiciens ; quand on travaille un programme, c’est parfois frustrant de ne le jouer qu’une seule fois. Le public est au rendez-vous sur les deux dates, et nous nous rendons compte que le public du dimanche et celui du lundi n’ont pas forcément le même profil.

Si la formule fonctionne, il n’y a pas de raison de la changer.

Propos recueillis par Sébastien Cayet




Les Concerts d’été à Saint-Germain 

Tous les dimanches et lundi à 18h30, jusqu'au 2 septembre à l'Église de Saint-Germain, Genève

Programme complet, infos, etc.:
https://www.concertstgermain.ch

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