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Flic, flac, floc

Publié le 28.12.2017

 

«Le spectacle pour tous», c’est la devise que se sont appropriée Tamaé Gennai et Pierre Deveaud, créateurs de la compagnie TaMiErO. Après une tournée en France cet été, TaMiErO revient à l’Espace Vélodrome de Plan-les-Ouates les 20 et 21 janvier avec son spectacle L'Ô, dont la compagnie vient de sortir le CD.

Tamiero est né en 2004, de la rencontre entre deux jeunes artistes, Tamaé Gennai et Pierre Deveaud, tous deux étudiants en musique et mouvement à l’Institut Jaques-Dalcroze de Genève. Depuis, la compagnie a créé cinq spectacles pour adultes ou pour enfants dans lesquels, en duo ou entourés d’autres artistes de scène, elle offre des pièces originales où musique, théâtre et danse s’entremêlent dans des univers tantôt tendres et poétiques, tantôt acides et déjantés.

Après plus de 150 représentations de leur précédent spectacle pour tout-petits Tête en Lune, TaMiErO plonge dans l’eau, l’élément phare de leur nouveau spectacle qui embarque les tout-petits dans un monde regorgeant de découvertes sonores, mélangeant la musique et les mots, les images et les gestes. Rencontre.

 

Avec quatre créations à succès pour les très jeunes enfants, peut-on dire que vous avez trouvé le moyen infaillible de capter leur attention?

Tamaé Gennai: Notre tactique, c’est de sauter du coq à l’âne toutes les deux à trois minutes, en changeant de rythme et d’énergie tant dans les émotions que dans la musique, et le spectacle ne doit pas dépasser les trente minutes.

Pierre Deveaud: C’est notre deuxième spectacle ciblé sur les tout-petits. Pour acquérir leur attention, une des clefs est de ne pas s’adresser uniquement à eux, mais aussi aux personnes qui les accompagnent. Car si ces dernières s’ennuient, de si petits enfants le ressentent également. C’est pour cela que nous offrons une double lecture à l’égard des parents à travers des attitudes et des références que l’enfant ne perçoit pas forcément. Les adultes se reconnaissent alors dans leurs rôles d’éducateurs, ou boivent simplement une petite gorgée de leur enfance passée.

Pour nous, ce spectacle est accessible à un bébé de n’importe quel âge. S’il pleure il sortira un petit moment avant de revenir, mais globalement, on voit déjà chez les enfants de six mois une nette attention à ce que nous leur proposons.

 

Comment vous êtes-vous intéressés à ce public en particulier?

P. D.: Il y a dix ans, nous avions notre premier enfant, Eleo. Peu de temps après son entrée en crèche, laquelle savait que nous étions musiciens, celle-ci nous a demandé de venir chanter quelques chansons à Noël, et comme nous n’avons pas pu nous empêcher de faire un peu plus que quelques chansons, s’écrivaient là les lignes de notre premier spectacle pour les tout-petits, c’est-à-dire les 0-4 ans.

A ce moment-là, très peu d’artistes proposaient ce genre de spectacle et il était difficile d’être pris au sérieux par les théâtres. Nous avons choisi de développer ce type de production en revendiquant qu’il n’y avait pas d’âge pour aller au spectacle, et, petit à petit, peut-être sous la pression de la demande, les salles de spectacle nous ont ouvert leurs portes.

T. G.: Nous puisons notre inspiration dans ce que nous vivons avec nos enfants: les pleurs, le bain, le pot, le biberon, la pluie, sont des thèmes qui traversent la vie des tout-petits et que l’on retrouve imprégnés dans le spectacle. Des petits bouts d’histoire d’eau, symbole de vie et présente partout, en particulier lorsque l’on parle de la première période de vie, en mots et en musique, que nous relions par des images fortes et colorées.

 

Pour la première fois, votre fils Eleo fait partie intégrante de ce spectacle.

P. D.: Il y a trois ans déjà qu’Eleo nous a fait part de son envie de monter sur scène avec nous. Au départ nous avions un peu peur d’être à la fois professionnels et parents, mais nous avons choisi de faire l’essai, lors de notre semaine de résidence au Théâtre du Pommier à Neuchâtel en 2015. Nous avons invité Alain Borek à venir nous donner un regard extérieur sur notre travail, et avec Roberto Betti, directeur du théâtre, il a fini de nous convaincre de la pertinence de sa participation au spectacle. Et il y a surtout la motivation restée intacte de notre fils, qui sait qu’il a le droit d’arrêter à tout moment.

 

 

Est-ce un atout envers le jeune public?

P. D.: Je pense qu’il l’apaise d’une certaine manière, simplement par sa présence. D’autre part, il offre encore une autre lecture de ce spectacle aux grands frères et aux grandes sœurs qui les accompagnent et pour qui le spectacle n’est à priori pas ciblé: ils ont la possibilité de s’identifier à un garçon de dix ans qui joue de la percussion, danse et fait du théâtre.

 

«Tout enfant est né artiste, c'est-à-dire qu'il aime rêver, imaginer et créer», dit Emile Jaques-Dalcroze dans Le Rythme, la musique et l’éducation, (Ed. Fœtisch, 1919), une maxime qui vous tient à cœur?

P. D.: On a tendance à oublier que les enfants représentent le rêve et l’imaginaire. Ce que nous savons en théorie, peu de gens le pratiquent vraiment. Il semble difficile d’accepter que tout est à chaque instant création et jeu chez l’enfant. Pourtant, nous devrions nous appuyer le plus possible sur cette réalité dans notre relation avec eux. Lorsque nous travaillons avec ou pour les enfants, nous tentons de ne jamais l’omettre, et surtout, nous nous attachons à ne jamais trop simplifier car le monde est complexe et ils savent très bien aller piocher là où leur intérêt les porte.

 

L’Ô est avant tout un spectacle musical où on croise tant les rythmes de la salsa que du rap.

T. G.: Dans le même esprit que vient d’évoquer Pierre, nos créations musicales reflètent nos goûts musicaux, et nous ne faisons pas de différence entre adulte et enfant, si ce n’est du point de vue du volume sonore. Il serait trompeur de croire que les plus petits ne sont pas capables de s’approprier une musique plus complexe qu’une comptine, tout comme leurs parents.

 

Pour cette création, vous avez fait appel à plusieurs instruments de musique peu courants.

P. D.: Nous jouons tous les deux de plusieurs instruments. Pour L’Ô, nous avons choisi d’intégrer des instruments dont le son, pour nous, s’approche de celui du monde aquatique comme l’udu (Ndlr: percussion en terre cuite en forme de jarre) et la scie musicale, mais l’instrument duquel nous jouons le plus c’est l’eau, que ce soit comme percussion ou à travers une harpe de verres chantants.

 

Propos recueillis par Alexandra Budde

 

L’Ô, un spectacle de la compagnie TaMiErO à découvrir en famille dès 18 mois à l’Espace Vélodrome de Plan-les-Ouates les 20 et 21 janvier 2018.

Renseignements et réservations sur le site www.plan-les-ouates.ch

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