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Chez Catalyse, le jeune public apprend à décoder les langages de la scène

Publié le 28.11.2018

 

Lieu artistique polyvalent, Catalyse, sur le haut du quartier des Eaux-Vives à Genève, est à la fois une salle de spectacle et une école de chant et de théâtre. L’association qui gère le lieu propose depuis douze saisons une programmation jeune public, les Spectacles-Grenadine, où la participation du public et l’interactivité sont de mise. Chaque spectacle est suivi d’un goûter convivial puis d’un atelier – facultatif – d’échange et d’expérimentation. Ce concept en trois volets permet aux familles l’occupation de tout un samedi après-midi hivernal, en le rendant divertissant et enrichissant, le tout bien au chaud.

Pour la saison à venir, les Spectacles-Grenadine proposeront alternativement, sur quatre samedis après-midi de décembre à février, des concerts et des pièces de théâtre. Faisons le point sur les nouveautés et les points forts de la saison 2018-2019 avec Matthieu Rech, responsable de projets et co-programmateur jeune public au sein de l’association.

 

Les «Concerts Grenadine» de l’an dernier sont devenus les «Spectacles-Grenadine» cette année. Pourquoi ce changement?

Les événements Grenadine existent depuis douze ans. Au début, ce programme se déroulait le mercredi après-midi, avec des formes théâtrales légères. Avec le temps, les spectacles sont passés au samedi après-midi, permettant d’accueillir un public élargi, et sont devenus plus poussés. Ces trois dernières saisons, nous avons en effet proposé des Concerts Grenadine aux enfants dès 5 ans: des concerts comme pour les adultes, avec des jeux de lumières, des décors, en acoustique ou sonorisés. Et ce avec des artistes qui ont fait le choix de travailler pour les enfants, parce qu’ils avaient des choses à leur dire, qu’ils savaient le leur dire, parce qu’ils avaient travaillé leur spectacle pour embarquer les enfants dans leur univers.

Mais nous nous sommes rendu compte qu’il devenait difficile de programmer ce genre de concerts, à cause de contraintes liées à la configuration de notre salle de spectacle. Nous avons alors réfléchi et avons ouvert cette année notre programmation jeune public à la forme théâtrale. Cette décision se justifie d’ailleurs de plus en plus: Catalyse est aussi une école, dans laquelle la demande pour les cours de théâtre explose depuis quelques années.

 

Quelle est la particularité de ces Spectacles-Grenadine?

Il nous a toujours semblé important que ces spectacles permettent une certaine interactivité entre les artistes et le public, que ce dernier ne soit pas complètement passif. Ce parti pris nous a aidé dans nos choix de programmation. C’est notamment pour cela que nous accueillerons Joane Reymond et sa version de Blanche-Neige (le 15 décembre 2018). Il s’agit d’un spectacle de rue – qui a déjà été joué des centaines de fois – pour lequel nous avons craqué car les adultes y sont invités à devenir des artistes en montant sur scène et que certains enfants deviennent des nains…

Avec Evelyne Gallet (le 9 février 2019), cette interactivité existe aussi. Avec elle, on est à la fois dans le chant, la musique et la peinture. Son spectacle a la vocation de créer un tableau. Evelyne Gallet est une artiste connue de longue date chez Catalyse. Nous n’avons pas encore vu son spectacle, car il est tout récent, mais cette idée de combiner musique en live, chant et peinture nous a vraiment séduits.

 

Au niveau des concerts, comment l’interactivité se traduit-elle?

Pour les concerts, ce sont d’autres aspects qui priment. Le premier de la saison, celui de Yoanna le 1er décembre, met l’aspect acoustique en évidence. Cette artiste a été en résidence à Catalyse, elle y a fait aboutir son projet de scène. Elle connaît donc bien la salle et ne souhaite pas être sonorisée. Les années précédentes, nous avons eu des concerts où tous les sons étaient amplifiés. Cela nous plait de montrer ce qu’est l’acoustique, ce qu’est une voix chantée. Cet aspect nous a séduits, au-delà de ce que raconte le spectacle, qui est très beau.

Catalyse est un lieu plutôt axé sur les musiques actuelles, avec de la basse, de la batterie, de la guitare, du piano. Le Ba Ya Trio (le 26 janvier 2019) présente une forme de musique plus orchestrale, avec des instrumentistes qui jouent de la guitare, du violon, des percussions et de la contrebasse. Ils ont recomposé des musiques des pays d’Europe de l’Est, qui bougent et font chanter. Ce type d’artistes permet d’attraper les enfants avec quelque chose de frais et de pas trop transformé. Les enfants adorent rire, ils aiment la bonne humeur et les artistes de Le Ba Ya Trio possèdent cette fraîcheur-là. Nous les avons invités pour pouvoir faire entendre et montrer des instruments aux enfants. Dans une salle de concert, il se peut que l’on soit assez loin du plateau. L’avantage chez Catalyse, c’est que l’on peut se retrouver à cinquante centimètres de la scène et donc y voir tout ce qu’il s’y passe!

 

 

En quoi consistent les ateliers qui suivent les spectacles?

Chaque atelier est indépendant de son spectacle – on n’est pas obligé de le suivre – mais il comporte toujours un lien fort avec ce qui a précédé. L’atelier permet de discuter de ce que les enfants et leurs parents ont vu et entendu. Nous ne démystifions pas les spectacles, mais nous essayons de leur faire comprendre tout le processus qui se met en œuvre au long d’un spectacle: l’accueil du public, la façon d’entrer en scène, le débit des paroles, les lumières, la scénographie, les costumes, le maquillage. Nous donnons aux enfants des clés de lecture qui leur permettent de mieux saisir ce qu’ils ont vu. Chaque atelier propose aussi un moment de travail du corps et d’improvisation, qui sont les grandes notions abordées à Catalyse dans le cadre de l’école.

Les ateliers comptent quasiment autant d’adultes que d’enfants. Les parents se révèlent très curieux, ils adorent partager avec leurs enfants ce moment qui devient une petite bulle de complicité. Lors du travail corporel et d’improvisation, les enfants sont amusés de voir qu’ils sont sur un pied d’égalité avec leurs parents. Ce genre d’exercices nous amène tous à sortir de notre zone de confort, cela fait du bien parfois.

 

 

Au fil des saisons, le succès des Spectacles-Grenadine ne s'est jamais démenti. Comment l'expliquez-vous?

Nous faisons ce que nous aimons faire, ce que nous savons faire et ce que nous pouvons faire avec les contraintes des lieux. Nous avons un espace d’accueil, à l’entrée de nos locaux, avec des canapés. C'est un espace chaleureux qui nous a fait réfléchir aux types de propositions que nous pouvions offrir à notre public. Dans les valeurs fortes de Catalyse, la notion d’accueil est très importante. Nous essayons de l’assurer le mieux possible. Le goûter après le spectacle constitue à la fois un moment d’échange et de partage, mais aussi une manière de prolonger cet accueil, une invitation à prendre le temps. Nous n’avons pas la montre à la main, nous servons autant de sirops, de cafés et de biscuits qu’il faut. Alors les gens restent et discutent, même s’ils ne se connaissent pas. Les artistes viennent systématiquement au goûter. Ceux qui se produisent chez nous connaissent nos valeurs et y adhèrent. Pour les enfants, ces rencontres constituent des moments magiques. Cette formule nous semble bien fonctionner:très peu de gens partent directement après le spectacle.

 

Propos recueillis par Stéphanie de Roguin

 

Découvrez les Spectacles-Grenadine de la saison 2018/2019 en détail sur le site www.catalyse.ch

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