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Plan-les-Ouates : rire et danser

Publié le 29.01.2015

 

Le rire, une arme qui désarme

 

Le service culturel de Plan-les-Ouates et le festival genevois multidisciplinaire s’allient pour accueillir un événement. Les festivaliers de la 5e édition d’Antigel pourront découvrir sur la scène de l’Espace Vélodrome de Plan-Les-Ouates une invitée de marque. Ex-danseuse star de Jan Fabre, elle a aussi collaboré avec Sidi Larbi Cherkaoui : l’artiste belge Lisbeth Gruwez a donc joué avec les grandes figures de la danse contemporaine.

 

Le titre de son premier spectacle en groupe ne fait pas de détour : AH/HA. Ces quatre lettres résument à elles seules la thématique du spectacle : le rire. La chorégraphe et danseuse poursuit le but de montrer comme le rire, proprement humain, peut mener au plus sauvage, au plus cruel… Lisbeth Gruwez s’intéresse depuis longtemps à l’extase, ou plutôt au corps en extase. Cette recherche, elle la commente ainsi : « Comment contrôler l’incontrôlable et le transmettre en danse ? »

Après un solo qui puisait dans la gestuelle convulsive des orateurs fascistes (Its going to get worse and worse and worse, my friend), elle installe cette fois cinq danseurs sur un sol vert gazon, pour explorer le rire. « Ce sont les choses en chemin qui m’inspirent un spectacle et m’amènent à un autre… », continue la chorégraphe. « Comme le solo It's going to get worse and worse and worse, my friend finit dans l’euphorie, j’ai pensé au fou rire, et le fou rire se fait en groupe, c’est quelque chose qui circule dans les corps comme un virus. » 

 

Yoga du rire

Se concentrant sur les aspects physiques et physiologiques du rire, les artistes sont entrés dans le vif du sujet à travers des séances de yoga du rire. « J’ai été mise en contact avec une femme extraordinaire, Anita Calzadilla », raconte Lisbeth Gruwez. « Elle est venue à des répétitions pour nous mettre en route avec des exercices qui n’agissent pas par la raison mais plutôt par des déclencheurs de rire purement physiques. Nous avons ensuite continué ce training chaque matin, et nous avons travaillé avec les danseurs sur une forme stylisée, un langage corporel, dansé… »

Réagissant à l’actualité où le rire reste au cœur du débat, la chorégraphe affirme : « Au début de cette création, j’avais en tête cette phrase : le rire peut être une arme qui désarme. » Contactée à Montréal, où elle se trouve pour la première du spectacle depuis les attentats de Paris, la chorégraphe attend de voir les réactions du public.  « Je viens de lire que des étudiants manifestent à Lille. Ils se rassemblent en masse pour des sessions de fou rire collectif, je trouve que c’est une réponse merveilleuse. Le rire est une forme d'expression à défendre et à utiliser sans craintes, parce que le rire collectif est une forme thérapeutique qui écarte les peurs… »

 

 

Côté son, le compositeur et musicien Maarten Van Cauwenberghe, son acolyte, est aux commandes. Tous deux ont créé la compagnie Voetvolk, en 2007, qui s’est déjà produite dans le monde entier avec cinq performances. Cette fois, la compagnie propose sa première pièce de groupe. Et pour se rassembler, quoi de mieux que le thème du rire ?

Sur scène, à Genève, Mercedes Dassy, Anne-Charlotte Bisoux, Lisbeth Gruwez, Vicente Arlandis Recuerda, Lucius Romeo-Fromm, se partagent l’Espace Vélodrome. Cinq corps se rencontrent dans un lieu sans nom, probablement au milieu de la nuit. Ils évoluent l'un vers l'autre au rythme des circonstances, telles des ordures qui se mélangent dans une rue abandonnée soufflées par le vent. Cette union leur donne une force inépuisable. Ils se rencontrent dans l'expression la plus humaine : le rire.

 

Cécile Gavlak

 

AH/HA, jeudi 5 février à 20h00 à l'Espace Vélodrome de Plan-les-Ouates, dans le cadre du Festival Antigel 2015. Renseignements au +41 22 884 64 00 ou sur le site www.plan-les-ouates.ch

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