Social Tw. Fb.
Article

Biennale des arts inclusifs

Publié le 21.05.2015

 

« Sur le plateau, le handicap est une valeur ajoutée, et non un empêchement »

 

Voici l’histoire de quatre associations réunies sous le nom Out of the box. Les quatre organisations fondatrices – les associations Dansehabile, ASA-Handicap mental, ZigZart et la Fondation Cap Loisirs – ont mis sur pied Out of the box – biennale des arts inclusifs. La deuxième édition, qui se tiendra cette année du 1er au 7 juin, comporte dix événements au total auxquels s’ajoutent des séances de médiation culturelle et des ateliers. Créée fin 2014, à la demande de la Ville de Genève, afin d’affirmer l’identité de la manifestation, l’association s’enracine cette année dans les lieux culturels genevois reconnus. Chorégraphe, metteure en scène et danse-thérapeute, Uma Arnese est directrice artistique de l’association Dansehabile et fait partie de la direction artistique de la biennale auprès de trois autres personnes. Cette Italienne, établie en Suisse romande, nous parle de l’alliance entre art et handicap.

 

 

Out of the box explore la relation entre art et handicap. Quel message souhaitez-vous véhiculer ?

L’un de nos buts est de modifier le regard des gens sur le handicap, c’est donc une démarche de sensibilisation. Nous souhaitons créer des œuvres artistiques de qualité, pour lesquelles nous considérons les personnes à situation de handicap comme des artistes à part entière, qui amènent quelque chose de personnel. Le handicap est une valeur ajoutée à la production artistique, et non pas un empêchement. Il s’agit de valoriser les personnes, comme dans toute production artistique d’ailleurs, et d’appréhender le handicap comme un apport spécifique. Notre but est clairement et avant tout culturel et artistique (et non social).

 

Cette biennale se déroule dans plusieurs lieux : le Théâtre du Grütli, La Comédie de Genève, Le Commun (Bâtiment d’art contemporain), l’espace34 (Fondation Cap Loisirs), les Cinémas du Grütli et l’auditorium du Musée d’Ethnographie de Genève. Y a-t-il plus d’établissements que pour la première édition en 2013 ?

Oui, nous comptons plus de lieux qu’à la première édition. Pour nous, c’est une réussite, nos productions singulières sont montrées dans des lieux reconnus. Nous sommes très heureux de l’accueil favorable que nous avons jusqu’ici reçu de la part des institutions culturelles, des partenaires financiers (la Ville de Genève, pour une grande part) et des spectateurs, qui viennent de tous horizons… Les professionnels de la danse, notamment, montrent de plus en plus d’intérêt pour la biennale.

 

Au sein de votre programmation, des événements parallèles sont prévus dans la section Around the Box. Où auront-ils lieu ?

Le spectacle de danse Nos pas dans la neige se déroulera au Grütli et un autre événement « portes ouvertes » aura lieu dans les locaux de l’association Autrement Aujourd’hui, qui se trouvent dans le bâtiment de L’Usine.

 

 

Le jeudi 4 juin, à La Comédie de Genève, une visite tactile du décor de la pièce De quoi tenir jusqu’à l’ombre aura lieu avant la représentation, pour les personnes aveugles et malvoyantes. Est-ce une pratique courante dans les théâtres ?

C’est ce qu’on appelle, dans notre jargon, une mesure d’accès pour un public de personnes en situation de handicap. Mais cette visite est ouverte à tous ! En Suisse romande, certains théâtres proposent des visites tactiles en plus du dispositif d’audio-description pour les personnes aveugles ou malvoyantes. A Genève, le service de la promotion culturelle œuvre beaucoup dans ce sens. Ces visites permettent de se faire une représentation mentale du dispositif scénique, de se familiariser avec. Une médiatrice guide les spectateurs, explique certains détails, décrit les couleurs, tout cela pour compléter le toucher. Là, la production de Christian Rizzo, De quoi tenir jusqu’à l’ombre, a en plus été créée exprès pour les personnes aveugles et malvoyantes.

 

Vous programmez également l’exposition Dix sur dix, au Bâtiment d’art contemporain, qui réunit plusieurs artistes… Pouvez-vous nous en dire plus ?

Dix artistes en situation de handicap sont présentés par dix professionnels de l'art contemporain. L'exposition comporte un vaste ensemble de dessins, peintures et sculptures, en plus de dix portraits photographiques des artistes réalisés par Mario Del Curto. Le prix du public Out of the Box sera décerné à la fin d’exposition à l’artiste qui aura obtenu plus de préférences.

 

Dans votre biennale, les actions de médiation semblent tout aussi importantes que les événements. Est-ce vraiment le cas de votre point de vue ?

Je ne sais pas si elles sont « aussi » importantes, mais c’est clair que c’est important de rendre les manifestations accessibles à tous. La médiation est quelque chose de très large, on la conjugue à toutes les sauces et ça ne s’adresse pas seulement aux personnes en situation de handicap. C’est une manière de rapprocher les gens de l’art. Pour les sourds et les malvoyants, par exemple, ce sont souvent des mondes inconnus. Pour nous, tout est accessible, mais pour eux non. On pense d’abord aux barrières architecturales, et aux rampes d’accès pour personnes à mobilité réduite, par exemple. Mais il existe beaucoup d’autres barrières, plus symboliques, qui empêchent certaines personnes d’accéder à l’art. Il s’agit de barrières sensorielles, mais aussi parfois mentales…

 

Cela doit être difficile d’identifier ces barrières symboliques pour les dépasser… Y a-t-il une personne en situation de handicap au sein de votre comité ?

Non, pas pour le moment, mais peut-être à l’avenir… Au sein de la direction artistique (ndlr : Teresa Maranzano de ASA-Handicap mental, Nicole Reimann de la Fondation Cap Loisirs et Florence Terki de ZigZart), nous sommes issues de quatre associations et nous avons des parcours très complémentaires. Entre le handicap mental, moteur ou sensoriel, nous avons des expériences variées.

 

Propos recueillis par Cécile Gavlak

 

Out of the box – biennale des arts inclusifs, du 1er au 7 juin, dans plusieurs lieux de Genève.
A découvrir notamment : Dionysias’, les femmes de Dionysos d’Uma Arnese, Artificial Things de Lucy Bennett, Borderlines de Panaibra Gabriel Canda, De quoi tenir jusqu’à l’ombre de Christian Rizzo. Programme complet disponible sur le site www.biennaleoutofthebox.ch

Filtres