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Elvett: électro de velours à l’Epicentre

Publié le 18.04.2018

 

En concert le 28 avril à l’Epicentre à Collonge-Bellerive, Elvett, duo formé de Lyn m et d’Alain Frey, pousse plus loin ses expérimentations. Né sous des auspices électro pop et/ou post trip-hop, ascendants soul, il suit sa propre route. D’abord sous le nom d’Aloan, puis d’Elvett depuis 2015, la mise en valeur de nouvelles sonorités demeure au centre de ses préoccupations. Pour un premier album à paraître à l’automne, Elvett annonce avoir voulu épurer ses arrangements, et composer des rythmiques plus "boisées". Un premier extrait, Mama, atteste de ces désirs. L’impeccable production confirme également que, définitivement, c’est le velours qu’ils préfèrent.

Sur scène, Elvett se livre à quatre, pour une expérience live plus libre et sans séquences pré-programmées. Alain Frey aux percussions (forcément électroniques) et Lyn au chant, sont accompagnés de Soraya Berent aux claviers et aux choeurs, et d’Eoghan de Hoog à la guitare et à la basse. Nouveau disque, nouveaux sons, nouveau départ: l’aventure continue!

 

Elvett se présente comme un duo électro. Mais sur scène, on retrouve une formation à quatre musiciens. Duo ou pas duo?

Alain Frey: Sur scène, nous formons un groupe avec Soraya (claviers/choeur) et Eoghan (guitare/basse). Nous avons cette cohésion propre aux groupes. En studio, ils ont été moins présents dans la conception de l’album qu’ils ne l’avaient été sur le EP, mais plus pour des raisons de disponibilités. Mais c’est vrai qu’en studio c’est bien davantage le travail d’un duo.

 

Comment définiriez-vous votre démarche sur scène?

A.F.: Le but est d’amener notre son électronique. Mais en jouant d’instruments et avec une dynamique de live - il n’y a pas de boîtes à rythmes, ou de séquences préprogrammées.

Lyn m: Avec des loops, vous pouvez obtenir sur scène un son vraiment énorme. Mais en même temps, cela reste très rigide. Nous l’avons fait avec Aloan, notre précédent groupe. Avec Elvett, nous voulons être plus libres.

A.F.: Libres d’accélérer ou de ralentir les tempos, de faire en sorte que cela soit chaque fois différent. Mais toujours avec la volonté de mettre en valeur notre amour des sons électroniques.

 

En parallèle à ces concerts, vous annoncez un album pour l’automne. Avec le single, Mama, on découvre une composition complexe, où cohabitent plusieurs atmosphères. Est-elle représentative de l’album?

Lyn m: C’est bizarre, car pour cet album, à la base, nous avons cherché à épurer notre son. Notamment sur ce titre avec des moments avec seulement la voix et la rythmique. Nous l’avons fait écouter à des amis. Beaucoup nous ont conseillé d’aller plus loin avec ce morceau, ce que nous avons fait.

A.F.: En terme de rythmiques, Mama est représentatif de l’album. Le terme de "tribal" m’ennuie un peu, disons que j’ai privilégié des sons assez boisés et le mélange entre sons de "vieux tambours" et sonorités électroniques. Mettre ensemble des éléments a priori dépareillés est très présent chez Elvett. J’ai aussi utilisé des prises que j’avais réalisées lors d’un voyage au Ghana, il y a une quinzaine d’années. Et nous avons fait enregistrer des chœurs au Sénégal, pour obtenir un autre timbre, un autre grain que celui de la voix de Lyn.

Lyn m: Mais Alain en fait toujours quelque chose d’électronique. On ne va pas faire de la world music – cela ne nous correspond pas!

 

 

Elvett, c’est un duo électronique, mais c’est aussi une voix. Est-ce qu’elle évolue? Lyn m: qu’est-ce qui change dans votre chant?

Énormément de choses, mais je ne sais pas si c’est la voix. C’est plutôt l’être qui change. Quand je réécoute des morceaux enregistrés il y a longtemps, j’ai l’impression d’entendre une enfant. C’est très rigide, très tenu. Le nouvel album est aussi très particulier, car je l’ai enregistré alors que j’étais enceinte. Mais cela reste difficile pour moi de cerner une évolution. Et puis avec le succès des concours télévisés, il y a cette attention portée aux voix… Il y a des gens pour qui il n’y a plus que cela qui importe. On m’a conseillé de faire reculer les musiciens sur scène, qu’on les voit moins: je trouve cela atroce! A la base, il y a des voix soul et blues qui ont compté et qui comptent encore beaucoup pour moi. Mais je ne m’intéresse pas particulièrement aux chanteuses. Ces dernières années, j’ai été bien davantage à l’écoute de ce qui s’est fait dans le monde du hip-hop (surtout anglo-saxon). Et beaucoup plus qu’à mon chant, dans cet album nous nous sommes intéressés à ce que la chanson transmet, et à ce que ma voix peut lui apporter.

 

Cet automne, l’album sera sans doute suivi d’une tournée. Est-il possible d’organiser une tournée sans nouveau disque?

Lyn m: Ce n'est jamais facile. Mais on voit ce printemps qu’il est possible de donner quelques concerts avec un nouveau single. Des singles qui sortent régulièrement peuvent suffire. C’est d’ailleurs ce que beaucoup de professionnels nous conseillaient pour l’album. Le message est: "Faites un morceau fort, ne perdez pas de temps avec les autres." Et c’est vrai qu’il n’y a plus grand monde qui écoute les albums du début à la fin. Le mode d’écoute a totalement changé. J’entends souvent des gens dire "adorer un groupe" alors qu’ils n’en connaissent qu’un morceau.

 

Donc?

Lyn m: Je ne vais certainement pas rester en studio à essayer de faire un tube et rien autour. Mon travail ce n’est pas de faire des tubes, c’est de faire de la musique. Nous sommes en recherche perpétuelle de nouveaux sons, de nouvelles idées, afin d’être toujours surpris. Et puis nous aimons bien le concept d’album. Faire de la musique et en écouter ce n’est pas aligner de joli bibelots sur la cheminée, c’est une nécessité vitale.

 

Propos recueillis par Vincent Borcard

 

Elvett sera en concert à L’Epicentre à Collonge-Bellerive le 28 avril 2018.

Renseignements et réservations au +41.22.855.09.05 ou sur le site www.epicentre.ch

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