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Festival de jeunes talents entre le Loup et La Gravière

Publié le 30.03.2018

 

Ils viennent des Teintureries, de la Manufacture, de la HEAD ou encore de l’école Serge Martin: les créateurs en herbe se comptent au nombre de huit cette année. Sept jeunes metteures en scène et performeuses et un jeune danseur vont donner un avant-goût de leurs créations en cours du 12 au 14 avril entre le Théâtre du Loup et sa voisine La Gravière.

La septième édition du festival genevois C’est déjà demain, c’est la mise en lumière des premiers projets de spectacles en devenir, des esquisses incisives qui mélangent les genres, les formes et les esthétiques. Le public est invité à circuler d’une salle à l’autre, d’un bar à l’autre, et à partager ses impressions jusqu’à l’aube. Le point sur cette nouvelle édition avec Adrien Barazzone, comédien, auteur et metteur en scène, membre du comité de programmation du festival.

 

7ème édition cette année, où ce festival a-t-il pris sa source?

Créé en 2010 par Anne Bisang alors à la Comédie de Genève et par Rossella Riccaboni au Théâtre du Loup, le festival C’est déjà demain a été initié dans le but d’accompagner des jeunes compagnies théâtrales dans leurs premières créations, notamment par des résidences de répétition et l’opportunité de se produire sur scène avec un objet en cours de construction. Au départ de la directrice de La Comédie, le Loup a poursuivi l’aventure et s’est associé il y a quatre ans à La Gravière qui est venue enrichir la plateforme avec une programmation musicale visant elle aussi à promouvoir la jeune génération.

 

Le festival reçoit depuis 2011 les lauréats du Prix Premio, prix d’encouragement pour les arts de la scène.

Depuis l’an 2000, le Prix Premio, chapeauté par le Pour-cent culturel Migros, la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia et la Fondation Ernst Göhner, vise à accompagner des projets primés dans leur réalisation et leur diffusion. C’est ainsi que le Théâtre du Loup, membre de l’Association Premio, a choisi de présenter à chaque édition des lauréats du concours de l’année précédente. Sur les sept projets retenus en 2017, le festival en présentera trois.

 

Côté théâtre, au Loup, vous recevrez cette année la demi-finaliste Premio 2017, la Genevoise Justine Ruchat avec EnQuête et Mélina Martin, deuxième lauréate Premio 2017, avec Opa.

Le projet de Justine Ruchat, qui a terminé son cursus en Belgique au Centre d'Etudes Théâtrales à l'Université Catholique de Louvain en 2015, aborde les secrets de famille, ce que nous connaissons tous de près ou de loin. Dans son EnQuête, aux côtés de la comédienne Jeanne Pasquier, elle va investiguer en profondeur sur la venue d’un homme qui s’est immiscé dans une famille, il y a bien longtemps, une figure solaire, et qui, tel un gourou, est venu bouleverser l’ordre familial.

Opa, c’est une expression grecque qui marque la surprise, l’admiration ou l’ironie, généralement utilisée dans les danses traditionnelles. Le solo imaginé par la Gréco-lausannoise Mélina Martin tourne autour de la figure d’Hélène de Troie, de la pensée et de la beauté. Cette jeune diplômée de la Manufacture, Prix d’études d’art dramatique de la Fondation Friedl Wald 2015, questionne le modèle de beauté féminine, en s’interrogeant sur l’enfermement qu’elle peut créer et son assujettissement, mais aussi comment en faire une force. Durant quarante minutes, elle présentera ses derniers essais au Loup avant d’en donner la forme finale à l’Arsenic de Lausanne dans deux semaines.

 

 

Pour compléter la programmation théâtrale, vous avez fait un appel à projets. Lesquels avez-vous retenus et pourquoi?

Parmi les septante projets que nous avons reçus, nous avons recherché ceux qui, au-delà de la pertinence du sujet, étayaient le plus précisément la forme et la manière de la réaliser. La Genevoise Carole Schafroth, diplômée de l’Ecole Serge Martin, présentera Detroit/Tiorted, du nom de la mythique ville américaine dévorée par les industries automobiles qui lui ont donné le surnom de «The Motor City» ou «Motown», devenu par la suite le nom de la fameuse compagnie discographique consacrée à la musique soul qui produira aussi bien The Jackson Five, que Diana Ross ou Eminem. C’est par le biais de la musique que Carole Schafroth va faire le portrait de cette ville devenue hyperviolente et très pauvre au départ des industries, et qui, telle un trou noir qui à la fois détruit et fait naître de nouveaux corps, va trouver un nouvel espoir au travers de la musique. Une autre version de cette pièce se donnera aux journées TacTacTac à Lausanne le week-end suivant.

Les autodidactes genevoises Tamara Fischer et Pauline Maitre, avec Le verdict de l’oiseau dodo, aborderont à travers un dialogue entre un patient et son thérapeute, incarnés par les comédiennes Candice Chauvin et Lara Jäger, la théorie de l’effet dodo développée par le psychologue Saul Rosenzweig en 1963. Dans Alice au pays des merveilles, le dodo est l’oiseau qui déclare à la fin d’une course qu’il a organisée que tout le monde est vainqueur et mérite par conséquent un prix. Le verdict du dodo est la thèse, controversée, qui soutient que toutes les thérapies se valent ou auraient une efficacité comparable, l’alliance thérapeutique prévalant sur la forme.

Avec Ouverture nocturne, la Genevoise d’origine française Lucile Carré, diplômée de La Manufacture de Lausanne, nous emmènera dans les nuits anglaises. Fascinée par le Royaume-Uni, elle présentera le tableau de trois femmes qui cherchent à se réinventer et à réinventer notre monde en parlant depuis la nuit; depuis cet espace fécond, sans hiérarchie, où le centre comme les règles ne sont plus tout à fait les mêmes.

 

Côté danse, ça se passe à La Gravière avec Communal solo de Jeremy Nedd, finaliste Premio 2017.

Dans sa performance chorégraphique, Jeremy Nedd, doublé de Deborah Holman, ouvre la scène et invite le public à une expérience partagée et à double tranchant. Il brouille les frontières entre l’interprète et le spectateur, exploitant ces synergies et créant une expérience visuelle en perpétuelle transformation inspirée par les rituels funéraires, de célébration et de protestation.

 

 

Basé sur une playlist d’enfer, ce spectacle est une invitation à poursuivre la soirée à La Gravière en dansant, comme chaque soir durant le festival.

Dès 23 heures, les after se feront à La Gravière tous les soirs et suivant le concept de platine libre animé par des DJs amateurs sélectionnés par le lieu, le jeudi soir. La Gravière aura également l’honneur de vernir le second album du groupe genevois Cosmic Fields, Shangri-La, qui se fait le trait d’union entre une pop abstraite et un groove progressif, et de présenter Wicked Game Gravitation, une performance de la genevoise Anaïs Wenger diplômée de la HEAD qui s’entourera d’invités surprises pour présenter son projet imaginé à partir du récit d’un musicien découvrant sur scène un autre musicien, en l’occurrence, un Chris Isaac sur le retour.

 

Deux lieux, une même ambiance?

C’est notre manière de faire voyager le public! Regarder des pièces courtes et percutantes puis en discuter au bar et prolonger la soirée à La Gravière avec les DJs, c’est un mélange de culture que les plus jeunes apprécient tout particulièrement. Nous donnons la parole à la nouvelle génération qui exprime les problématiques qui la concernent au travers de ces formes nées de la réalité actuelle de la jeunesse. Une énergie brute que nous adorons retrouver chaque printemps en nos murs.

 

Propos recueillis par Alexandra Budde

 

Le Festival C’est déjà demain.7 se déroulera au Théâtre du Loup et à La Gravière à Genève du 12 au 14 avril 2018.

Renseignements et réservations au +41.22.301.31.00 ou sur le site www.theatreduloup.ch

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