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Grand Théâtre, saison en deux temps

Publié le 05.05.2015

 


Dès février 2016, le Grand Théâtre de Genève s’installera pour deux ans à l’Opéra des Nations dans le quartier des organisations internationales afin que l’immeuble historique du centre-ville puisse être rénové. Ces travaux, devisés à une soixantaine de millions de francs, permettront notamment de mettre le bâtiment du Grand Théâtre de Genève aux normes de sécurité, d’assurer la conformité des conditions de travail et entre autres de créer une ventilation adéquate pour la grande salle. Les spectateurs pourront découvrir le nouveau Grand Théâtre en 2018. Malgré ce chamboulement, la prochaine saison du Grand Théâtre s’annonce riche, de Guillaume Tell, en septembre 2015, à Falstaff, en juin 2016. Au total : 9 opéras, 2 ballets, 5 récitals et 3 spectacles. Entretien avec Tobias Richter, directeur des lieux, qui entame sa septième saison à la tête de l’institution.

 

 

Le Grand Théâtre de Genève va temporairement déménager à L’Opéra des Nations – ex-Théâtre éphémère de la Comédie-Française. Allez-vous exploiter le côté plus intimiste de cette scène, en comparaison à celle de la Place de Neuve ?

L’Opéra des Nations sera un vrai théâtre mais avec un dispositif scénique différent que celui de la salle actuelle de la Place de Neuve. Il n’y aura pas de cintres au-dessus de la scène par exemple mais l’ouverture de scène sera quand même de 14 mètres, contre 17 au Grand Théâtre. Dans ce lieu à l’atmosphère de théâtre élisabéthain, il y aura des contraintes scénographiques importantes. Nous avons donc imaginé un projet artistique adapté aux caractéristiques de cette salle qui n’est pas équipée de balcons, qui compte 1064 places et où le rapport scène-salle est donc tout autre. À l’Opéra des Nations, les spectateurs seront beaucoup plus proches de l’action scénique qu’au Grand Théâtre.

 

La capacité sera d’ailleurs augmentée pour la saison du Grand Théâtre, passant de 750 à 1064 places. Mais il y aura tout de même 400 places de moins qu’à la Place de Neuve.

Effectivement… mais le nombre de représentations sera augmenté et adapté afin de pouvoir fidéliser tous les spectateurs. L’Opéra des Nations sera équipé d’une fosse d’orchestre pouvant accueillir 65-70 musiciens. Cela va permettre de présenter des ouvrages des répertoires baroque et de l’opéra comique du XIXème siècle, des formes qui sont souvent négligées au Grand Théâtre, comme Alcina de Haendel ou Le Médecin malgré lui de Gounod. Nous allons donc profiter de cette nouvelle structure pour proposer au public des œuvres moins connues tout en continuant de programmer des œuvres populaires.

 

Et à la réouverture du Grand Théâtre, quels seront les changements notables pour le public ?

Le public va retrouver une grande salle ventilée et aérée car pour l’instant, la chaleur par endroit peut être problématique. La partie foyer et l’atrium seront aussi restaurés. Ils seront plus accueillants que maintenant. Mais la plupart des changements vont toucher le personnel avec une mise aux normes des places de travail par exemple. Ils seront invisibles pour le grand public.

 

Ce déménagement, c’est l’occasion de rencontrer un nouveau public. Mais peut-être aussi est-ce le risque de perdre une partie de l’actuel ?

Je ne l’espère pas et ne le pense pas ! Un théâtre comme l’Opéra des Nations est moins imposant que l’institution de la Place de Neuve. Dans ce sens, il devrait être plus populaire que la scène du centre ville et attirer un nouveau public. Peut-être que des spectateurs ponctuels assistant régulièrement à des représentations de théâtre parlé vont être attirés par notre projet artistique ou que les personnes qui pensent qu’un spectacle d’opéra est trop long et qu’il faut s’habiller pour y assister vont être motivées pour nous rendre visite. Cette salle sera magnifique et le bouche à oreille contribuera très certainement à sa notoriété.

 

 

Cette saison compte 19 spectacles au total. Vous avez donc tenu le cap malgré le déménagement, prévu en cours de saison !

En termes de soirées, il y en aura davantage que les autres années. Prenons Les Troyens de Berlioz par exemple. Ils seront donnés dans un projet imaginé selon la formule de l’ancien théâtre grec où d’abord vient la Tragédie, puis le jeu de la satire ou la Comédie. Ainsi seront présentés en version concert et en deux parties La Prise de Troie et Les Troyens à Carthage, et cela en alternance avec La Belle Hélène d’Offenbach dans une nouvelle mise en scène de Robert Sandoz. Nous aurons également A Midsummer Night’s Dream (Le Songe d’une nuit d’été), de Britten, œuvre littéraire mise en musique, dont l’esprit shakespearien annonce le théâtre élisabéthain de la seconde partie de saison.

 

Vous avez réussi à monter une saison plus que normale.

Nous avons envisagé ce déménagement comme une véritable opportunité dans l’élaboration de cette nouvelle saison artistique. Ce n’est pas une saison construite sur des compromis mais une saison pensée sur un vrai projet artistique. Avec 18 spectacles, ce sera une saison diversifiée qui nous l’espérons, plaira aux personnes qui auraient attendu la réouverture du théâtre de la place de Neuve pour revenir à l’Opéra.

 

Votre ou vos coups de cœur de cette saison ?

Alcina, Le Médecin malgré lui, qui est une œuvre peu connue à l’opéra, La Belle Hélène, Les Troyens… Je dois avouer que j’ai une affinité particulière pour chacune des productions de cette saison.

 

Propos recueillis par Cécile Gavlak

 

Découvrez la saison 2015/2016 du Grand Théâtre de Genève sur leprogramme.ch ou sur le site www.genevaopera.ch

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